Président fondateur de l'UMP en 2002, Alain Juppé est toujours aussi incontournable au sein de son parti dix ans plus tard. Un temps pressenti pour être candidat à la tête de l'UMP, Alain Juppé avait renoncé à l'idée fin août, expliquant qu'il ne voulait pas ajouter à la cacophonie ambiante. Une place d' "homme sage", loin des prises de position des uns et des autres, qui le plaçait au-dessus de la mêlée et faisait de lui en quelque sorte l'arbitre du débat. Dimanche soir encore, alors que les résultats se faisaient attendre, il a de nouveau appelé François Fillon et Jean-François Copé à "se rencontrer pour jeter les bases d'une nécessaire négociation".
• L'appel des "fillonistes". C'est cette position qui lui a permis d'apparaître comme le recours au duel fratricide à l'UMP, et qui explique les appels du pied de la part de François Fillon. Mercredi soir, le Premier ministre de Nicolas Sarkozy a demandé sur TF1 la mise en place d'une "équipe provisoire pour diriger l'UMP", qui serait emmenée par Alain Juppé. Une demande relayée par 134 "fillonistes", qui dans un communiqué ont demandé une "direction collégiale" pour "sortir le parti de la situation dans laquelle il se trouve".
• Pourquoi lui ? Encore une fois, son image joue en sa faveur. En plus de son absence de prise de position dans la campagne, celui que Jacques Chirac avait surnommé "le meilleur d'entre nous" a été l'un des membres fondateurs de l'UMP. Ses différents passages au gouvernement (il fut Premier ministre de Jacques Chirac de 1995 à 1997 puis ministre de l'Ecologie, ministre de la Défense et ministre des Affaires Etrangères de Nicolas Sarkozy) contribuent également à asseoir cette image d'incontournable dans le débat. Par ailleurs, en répétant à l'envi qu'il n'avait aucune ambition nationale, il ne présente pas de menace pour les deux concurrents.
• La réponse de Juppé. Le maire de Bordeaux est prêt à jouer les médiateurs, mais pose ses conditions. Pas question de s'imposer si tout le monde n'est pas d'accord, comme il l'a indiqué sur son compte Twitter :
J'y suis prêt à la condition absolue qu'elle se fasse avec l'accord et la collaboration des 2 parties.— Alain Juppé (@juppealain) Novembre 21, 2012
• Les pro-Copé font barrage. Une condition "à l'évidence pas remplie aujourd'hui", pour reprendre ses termes. Dans le camp Copé, personne ne semble prêt à faire de concessions : Christian Jacob, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a ainsi expliqué que confier la direction de l'UMP à Alain Juppé n'aurait "aucun sens". Même son de cloche pour Thierry Mariani, autre pro-Copé, qui s'est contenté de déclarer qu' "Alain Juppé n'est pas le Bon Dieu".