Contexte. Plus fort que Manuel Valls, et plus fort que Nicolas Sarkozy chez les sympathisants de droite. La performance est signée Alain Juppé. Le maire de Bordeaux a le vent en poupe et ça se ressent dans la dernière enquête BVA publiée mardi dans L’Express et Nice Matin. Une popularité qui a poussé Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1, à se demander si "le meilleur d’entre nous", comme l’appelait Jacques Chirac, pense à l’élection présidentielle de 2017 en se rasant.
Surtout ne pas penser à 2017. Il fait tout pour que cela ne se voit pas. Il ne commente pas l’actualité politique chaque jour, comme certains de ses petits camarades de l’UMP. Il ne pose pas non plus dans Paris Match en étalant sa vie privée, comme l’ont fait certains de ses camarades de l’UMP. Non, l'ancien ministre est au dessus de ça et s’exprime essentiellement sur son blog, son espace de liberté d’expression à lui. Son dernier billet, un hommage à Angela Merkel, n’avait par exemple pas vocation à enflammer les médias. Une seule chose mobilise son énergie et son attention : les élections municipales à Bordeaux, en 2014. Alain Juppé s’est en effet fixé une règle : "n’en parler jamais (de la présidentielle) mais surtout n’y penser jamais".
L’heure n’est pas encore à l’organisation et à la structuration d’un courant. La poignée de fidèles qui l’entoure attendent sagement, tout juste confessent-ils que le téléphone sonne un peu plus souvent depuis que leur champion a la cote dans les sondages. Cette discrétion a une explication : ces "juppéistes" - et Alain Juppé pense comme eux -, ont la conviction que dès que ce dernier se mettra à nouveau à croire en son destin présidentiel, alors il redeviendra un égo parmi les autres et dégringolera alors dans les sondages.
Affronter Sarkozy non, mais… Adoubé par Jacques Chirac qui voyait en lui son successeur naturel, Alain Juppé a peut être raté son tour. C’est ce qu’il a confié à un de ses amis lors d’un déjeuner à l’été 2010. Son état d’esprit est le même aujourd’hui. Pour lui, cet engouement autour de sa personne s’explique avant tout par l’absence de leader à droite, et par la crise qui avantage les profils d’homme d’Etat. Alors il savoure, garde sa liberté, se montre plus détendu. Et se laisse toutes les portes ouvertes, au cas où. Difficile toutefois de l’imaginer affronter Nicolas Sarkozy ou François Fillon lors d’une primaire. Mais si "l’effet Juppé" perdure dans le temps, alors peut-être qu’il se reprendra au jeu.