Un nouveau rebondissement dans l'affaire Karachi à quelques jours du second tour de l'élection présidentielle ? L'ex-trésorier de campagne d'Edouard Balladur pour la présidentielle de 1995, René Galy-Dejean, a accusé l'ancien Premier ministre Edouard Balladur et son ex-directeur de campagne, Nicolas Bazire, d'avoir ordonné le dépôt en banque de 7 millions de francs en espèces et d'en avoir caché l'origine.
Le jour du dépôt d'argent, raconte l'ex-trésorier René Galy-Dejean, ancien député-maire UMP du XVe arrondissement de Paris, "j'ai procédé au dépôt d'environ 3 millions de francs" sur le compte de campagne, a dit-il dit lors d'une confrontation avec Nicolas Bazire, selon le PV d'audition par l'AFP. Mais "je n'ai pas déposé les 7 millions (...). Cela a été déposé à mon insu", a certifié René Galy-Dejean. "Je pense qu'on a demandé à Mme (Evelyne) Raulhac", chargée de la cellule trésorerie et ex-collaboratrice de Pierre Mongin, chef de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon, a-t-il précisé. De son côté, Evelyne Raulhac a dit aux juges qu'elle s'était contentée d'accompagner René Galy-Dejean et ne savait rien du montant déposé.
Nicolas Bazire nie
Qui aurait pu ordonner un tel dépôt ? "Il n'y avait que deux personnes qui pouvaient le lui demander, M. Balladur ou M. Bazire", a assuré l'ex-trésorier, en précisant qu'il aurait "refusé de faire ce dépôt" et de "croire que cela venait des recettes des meetings". Interrogé à son tour pour savoir s'il avait déposé ou fait déposer cette somme, Nicolas Bazire a répondu "catégoriquement non" aux deux questions.
Pour René Galy-Dejean, le dépôt total des espèces, 15 millions de francs officiellement, a donc obéi à "un double circuit". Plusieurs personnes sont venues selon lui faire des dépôts dans deux établissements parisiens de la même banque. "Avec le recul, je comprends pourquoi j'ai été écarté de la signature des comptes, du dépôt au Conseil constitutionnel et de l'audition par les rapporteurs du Conseil constitutionnel", a poursuivi l'ex-trésorier.
A la fin de la campagne, Francis Lamy, conseiller juridique d'Edouard Balladur, avait été chargé de présenter les comptes à la place du trésorier. Il avait affirmé que les recettes en espèces provenaient de la vente de t-shirts, de gadgets et de quêtes.
Les deux juges chargés du volet financier de l'affaire Karachi, Roger Le Loire et Renaud van Ruymbeke, s'interrogent sur un éventuel détournement de commissions sur des contrats d'armement avec l'Arabie Saoudite (Sawari II) et le Pakistan (Agosta) au profit de la campagne d'Edouard Balladur. Ils recherchent notamment l'origine des 10,2 millions de francs déposés le 26 avril à la banque, trois jours après la défaite du candidat.