Après Nicolas Sarkozy, Edouard Balladur, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, c’est désormais Alain Juppé qui est dans le viseur des familles de victimes de l’attentat de Karachi. "Nous allons demander dès demain (lundi) au juge Renaud Van Ruymbeke d'entendre M. Juppé car il était Premier ministre en 1995 au moment de l'arrêt des commissions", a indiqué Me Olivier Morice, avocat des familles.
La justice suit la piste de représailles pakistanaises à l'arrêt des commissions, décidé par Jacques Chirac en 1995, sur un contrat de vente de sous-marins Agosta, conclu par le gouvernement d'Edouard Balladur (1993-1995). Selon cette thèse, le tout nouveau président aurait mis fin aux transactions car il soupçonnait l’existence de rétro-commissions en direction de la France. Et, se murmure-t-il, en direction des caisses de campagne du candidat Balladur à l’élection présidentielle. Candidat dont le porte-parole n’était autre que Nicolas Sarkozy.
"M. Juppé a la mémoire courte"
Alain Juppé, ministre de la Défense depuis le 14 novembre, a souligné dimanche sur Canal Plus l'absence de "preuves" dans l'affaire de l'attentat de Karachi, affirmant qu'il n'avait pas lui-même entendu parler de "rétro-commissions" quand il était Premier ministre. "M. Juppé a la mémoire courte depuis qu'il est entré au gouvernement, c'est également pour cette raison que nous demandons son audition", a commenté Me Morice.
Vendredi, Charles Millon, ministre de la Défense à partir de 1995, a confirmé devant le juge Van Ruymbeke qu'il y avait la conviction que des rétro-commissions existaient. Dominique de Villepin, alors secrétaire général de l'Elysée, avait de son côté fait état de "très forts soupçons" de rétro-commissions vers la France. Samedi, Nicolas Sarkozy a promis de produire "en temps et en heure" des documents sur cette affaire.