L'Europe divise (à nouveau) la gauche

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Hélène Favier , modifié à
La gauche de la gauche demande à Hollande de revoir sa copie sur le traité budgétaire.

L’aile gauche du PS grogne, les écolos s’insurgent et le Front de gauche prépare la riposte. Dossier ultra-sensible de la rentrée, la ratification du traité budgétaire européen décidée par François Hollande et initiée par Nicolas Sarkozy divise les rangs de la gauche. Le gouvernement a beau arguer que le chef de l’Etat a réussi à faire adopter, par ses partenaires, un pacte de croissance pour rééquilibrer le traité, rien n’y fait. Qui s’oppose à gauche au traité et à sa règle budgétaire et pourquoi ? Revue de détails.

• La bronca de l’aile gauche du PS

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Qui s’oppose au traité ? - A l'instar du député Razzy Hammadi ou de la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, plusieurs membres de l'aile gauche du Parti socialiste ont d'ores et déjà indiqué qu'ils ne voteraient pas le traité européen de Bruxelles. Le "non" de Marie-Noëlle Linemann a d’ailleurs été très largement applaudi à l’université d’été de La Rochelle où les militants socialistes étaient très divisés sur la question. "Je ne pense pas que je serai la seule" à ne pas voter ce texte au PS, a d’ailleurs estimé la sénatrice au début du mois sur France Info. "En tout cas on est très nombreux à ne pas vouloir l'approuver"…

Pour quelle raison ? - "Je ne suis pas d'accord, ça n'est pas la renégociation" annoncée par François Hollande durant sa campagne, "il faut l'engager, la renégociation", a argumenté Marie-Noëlle Linemann, jugeant que le "pacte pour la croissance" de François Hollande était insuffisant. "Tout cela me paraît d'un grand danger, c'est l'austérité à vie", a-t-elle redit. "Nous serons bridés dans notre croissance si nous votons cela", a renchéri Jérôme Guedj, député et président socialiste du Conseil général de l'Essonne. "On ne pourra pas mener des politiques de relance économique qui, parfois, sont nécessaires pour relancer la croissance", assure-t-il avant d’ajouter : "Je ne me reconnais pas dans ce traité d'austérité budgétaire, et la règle d'or est une chape de plomb pour la croissance."

• La grogne des partenaires EELV

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Qui s’oppose au traité ? - Le traité budgétaire européen était également au menu, la semaine dernière, des journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts à Poitiers. Là encore, le parti est divisé. D’un côté, le sénateur Jean-Vincent Placé et l’ancienne candidate à la présidentielle Eva Joly s’y opposent. Eva Joly propose même la tenue d’un référendum sur ce traité européen. De l’autre côté, Daniel Cohn-Bendit estime que "c’est une erreur". "Etre dans le gouvernement c'est aussi, dans les moments difficiles, accepter les choses qu'on aurait peut-être faites autrement", estime-t-il. Les deux ministres écologistes Cécile Duflot, la ministre du Logement et de l'Egalité des territoires, et Pascal Canfin, le ministre du Développement, se font discrets sur la question.

Pour quelle raison ? - Pour François de Rugy, président du groupe écologiste à l'Assemblée qui n'est pas non plus favorable au traité, ce traité sera "caduque avant même d'être appliqué". Sur le fond, le texte n'est pas bon", renchérit Sergio Coronado député EELV. "Le petit ajout sur la croissance que François Hollande prétend avoir obtenu n'est pas à la mesure des enjeux", assène Eva Joly.

• La riposte du Front de gauche

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Qui s’oppose au traité ? - Pour les partisans du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, pas de divisions : tous s’accordent pour ne pas ratifier ce traité. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et également porte-parole du FG, estime "impensable de commencer le trimestre en signant le traité budgétaire". Il souhaite que le Front de gauche soit l'animateur d’une manifestation, à la rentrée, contre ce projet. Jean-Luc Mélenchon le soutient. Philippe Poutou, ex-candidat du NPA, se dit également prêt à participer à cette manifestation.

Pour quelle raison ? - "Ne pas voter le traité ne nous enlèvera rien par rapport au reste de l'Europe, sauf qu'on n'aura pas à appliquer la règle de l'austérité en France", résume Jean-Luc Mélenchon, pour qui le traité empêchera toute politique de relance. "Le FG est contre, les écologistes, une partie du PS sont contre. Il reste ceux qui sont pour et qui vont voter avec la droite", s'agace l'ancien candidat à la présidentielle.

La ratification du texte devait être soumise au Parlement dès la fin septembre