L'arrivée de Dominique Strauss-Kahn dimanche à Paris, près de quatre mois après sa spectaculaire arrestation à New York, a immédiatement fait fait réagir les proches de l'ancien directeur général du FMI. A quelques exceptions près, le reste de la classe politique était moins prolixe dimanche.
"Une tache indélébile au Parti socialiste"
Premier ténor de l'UMP à réagir, Xavier Bertrand, ministre du Travail a été laconique sur Europe 1 en jugeant que le retour de Dominique Strauss-Kahn concernait "d'abord le Parti socialiste". "J'ai du mal à imaginer" que l'ancien directeur du FMI redevienne un acteur de la vie politique française, a t-il toutefois lâché.
En marge du Campus de l'UMP réuni à Marseille, la députée UMP Chantal Brunel, a, de son côté, estimé que Dominique Strauss-Kahn allait "être une tache indélébile au Parti socialiste". "Lorsque la justice américaine a annulé les charges contre lui, ça a choqué les Français, et surtout les femmes. On a fait trois pas en arrière sur la lutte contre les violences faites aux femmes", a-t-elle déclaré.
Copé et Muselier préfèrent s'en prendre aux médias
De toute évidence agacés par le battage autour du retour du socialiste en France aux dépens du Campus de l'UMP, plusieurs membres de la majorité ont préféré railler les médias. "On sombre dans le ridicule", a ainsi déploré le député UMP des Bouches-du-Rhône, Renaud Muselier sur Europe 1. "J'ai regardé les informations ce matin : il est passé par là, il a pris l'avion pour se cacher, maintenant va t-il habiter place des Vosges ou chez des amis... c'est ridicule, absolument ridicule, comme si il n'y avait que cela en France. Qu'est ce qu'on en a à faire? Laissez-le tranquille ce pauvre, il est rentré avec sa femme on n'a pas besoin de lui courrir après", a-t-il regretté. "S'il a des choses à dire (sur la présidentielle) il les dira le moment venu", a-t-il conclu.
Une analyse partagée par le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, qui a jugé dimanche à Marseille "bien dérisoires et décalées" les "centaines de caméras braquées" sur Dominique Strauss-Kahn.
"Le soulagement est très fort"
Sans surprise, ce sont surtout les proches de DSK qui ont réagi dimanche matin. François Pupponi, député PS et maire de Sarcelles, le fief de DSK, a ainsi dit sur Europe 1 son "grand soulagement", sa "grande satisfaction de revoir Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair en France".
Invité de C'est arrivé demain, dimanche sur Europe 1, le député PS Jean-Marie Le Guen a, lui, jugé que ce retour constituait "une étape supplémentaire très importante pour lui et pour nous de retour à une vie normale". "On en est loin quand on voit tout le tumulte qu'il y a encore au plan médiatique", a-t-il toutefois ajouté. "Pour moi, le soulagement est très fort, tout cette affaire est très largement mise de côté au plan judiciaire ", a t-il estimé. "DSK n'a pas fait de faute qui soit légalement répréhensible", a-t-il fait valoir.
Selon le député, "DSK n'est plus candidat à l'élection présidentielle et ne reviendra pas à la vie politique classique avant plusieurs mois". "Il souhaite voir sa famille, on ne va pas donner l'image d'une fébrilité politique qui serait déplacée, c'est à lui de reprendre sa respiration, il faut qu'il retrouve en lui la force et la capacité de nous aider", a t-il encore jugé.
"Sa priorité c'est de se réhabiliter"
"C'est un homme serein et combatif que j'ai vu arriver à Roissy", a, de son côté déclaré la vice-présidente PS du conseil régional d'Ile-de-France, Michèle Sabban sur Europe 1. "Maintenant, c'est à lui de fixer le temps qu'il se donnera pour s'exprimer aux Français et aux Françaises. Ce que je sais, c'est que cela doit être un message très fort. Vous savez la réhabilitation de Dominique Strauss-Kahn va être longue parce que je vois bien la façon dont chacun lui tourne presque le dos. Je ne sais s'il en veut à untel ou untel mais sa priorité c'est de se réhabiliter (...) Il faut lui laisser le temps, on aura besoin des compétences de DSK", a encore dit ce fervent soutien de DSK.
L'ancien ministre Jack Lang s'est dit dimanche "heureux" du retour en France de Dominique Strauss-Kahn et d'Anne Sinclair : "je suis heureux parce que je les aime et je les respecte" et "parce que, enfin ils sont libérés de cette situation humiliante, injuste qu'ils ont subie", a déclaré à la presse le député du Pas-de-Calais, voisin du couple place des Vosges à Paris.
"Le temps de la reconstruction, forcément long, commence"
Dans un communiqué, Jean-Christophe Cambadélis, député PS de Paris, a déclaré voir dans ce retour "une première étape" : "l'amertume française, due à l'impression d'avoir été abandonné, sera surmontée. La sévérité des jugements à l'emporte-pièce se relativisera. L'injustice d'une condamnation médiatique, sans appel et sans preuve, pour un acte certes inapproprié et condamné par les Français, conduisant à une vie dévastée et à un destin dérobé sera revisitée. (...) La France face à cette crise économique aura besoin de son talent et l'épreuve inouïe l'aura mûri. Le temps de la reconstruction, forcément long, commence", peut-on lire dans son billet intitulé "le temps de ma reconstruction commance!"
Anne Mansouret juge ce retour "indécent"
La seule voix socialiste discordante a été celle d'Anne Mansouret, la mère de Tristane Banon et vice-présidente PS du conseil général de l'Eure. Elle a qualifié d'"indécent" le retour de DSK et souhaité qu'il s'explique devant la police dans l'affaire qui concerne sa fille.