L’UMP contrainte de compter ses sous

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ANALYSE - Bouquets de fleurs, courriers, transports, téléphone, à l’UMP, tous les euros comptent…

A l’UMP, l’heure est à se serrer la ceinture. Fini les colloques ou meetings somptuaires, oublié les dîners gargantuesques. En 2013, le financement public de l’UMP va en effet passer d’un peu plus de 30 millions d’euros par an, à environ 20 millions. La raison ? L’échec aux législatives qui entraîne une baisse mécanique de dotation de quelque 10 millions d'euros par an, jusqu’en 2017. Alors dans le principal parti d’opposition, on fait la chasse au gaspillage, et à tous les échelons. Revue de détails.

Des effectifs en baisse. "On atteindra au mois de juin 2013 les 50 millions d'euros de déficit. Pour retrouver l'équilibre d'ici à la présidentielle de 2017, la pente s'annonce extrêmement rude", prévenait, dès le mois d’octobre 2012, Dominique Dord, trésorier démissionnaire, dans Le Figaro. Il y a donc urgence à réagir. "Les ressources humaines sont une priorité pour nous", a confirmé Catherine Vautrin, nouvelle trésorière du parti, contactée par Europe1.fr.

A la fin de l’été 2012, les employés en CDD pour les besoins de la campagne n’ont donc pas été renouvelés. Même chose pour les stagiaires. Le personnel du siège national est passé d'environ 140 équivalent temps-plein à 90. Économie estimée : trois millions d’euros annuels.

Par exemple "jusqu’en mai 2012, nous avions une salariée à mi-temps, présente depuis un moment chez nous. Elle n’a pas été renouvelée et ce sont des bénévoles qui se relaient désormais pour assurer une permanence, à mi-temps", confirme à Europe1.fr Maxime Gallier, secrétaire départemental adjoint de la fédération UMP d’Ile-et-Vilaine.

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Confort en berne. Outre le personnel, une autre ligne de dépense est dans le collimateur de Catherine Vautrin (photo ci-dessus) : "c’est surtout sur les voyages que l’on tente de faire des économies en négociant au mieux nos billets. On a également réduit le nombre de collaborateurs qui se déplacent." Les cadres de l’UMP font-ils l’aller-retour dans la journée, comme le dit la rumeur ? "Oui, Jean-François Copé rentre le soir s’il le peut pour économiser une nuit d’hôtel, car il veut montrer l’exemple", assure-t-elle. "On a organisé une fête départementale début juin. Xavier Bertrand est venu en voiture et il est reparti le soir", renchéri Dominique Pignatelli, trésorier de la fédération UMP du Bas Rhin, en poste depuis 2002, joint par Europe1.fr.

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Un sou est un sou. Quand on n’a pas d’argent, on a des idées, dit le dicton. Alors pour diminuer ses frais de bouche, l’UMP sollicite ses forces vives. "Nous avons organisé une convention en avril dernier. Plutôt que d’offrir un banquet aux militants comme le veut la tradition, nous leur avons demandé de venir avec une salade et un pique-nique. Et les gens ont trouvé cela beaucoup plus convivial !", raconte Maxime Gallier, responsable de la fédé UMP d’Ile-et-Vilaine. "Quand on organise un verre de l’amitié, les militants vont au supermarché du coin acheter du coca et des chips", abonde Dominique Pignatelli.

La dernière université d'été, à Marseille, en septembre 2011, avait coûté la bagatelle de quatre millions d'euros. Il n’y en aura plus. L’UMP avait également pris l’habitude d’organiser réunions et séminaires dans des hôtels parisiens ou dans des centres de congrès. Trop cher. Désormais, toutes les réunions se passeront au siège du parti. Des économies substantielles. D’autres le sont moins, mais existent pourtant :

"Le bouquet de fleur  à l’accueil a été supprimé", raconte Catherine Vautrin en riant.

"On a changé le local de notre permanence. J’en ai visité 17 et j’en ai finalement trouvé un qui nous revient à 700 euros charges comprises, contre 1.200 à 1.400 euros avant", se félicite Maxime Gallier responsable de la fédé UMP d’Ile-et-Vilaine.

"Au Havre, on a profité d’une fin de bail pour changer de local et ainsi économiser sur le loyer. Et ce sont des militants bénévoles qui ont fait les travaux de réfection…", se souvient pour Europe1.fr André Gautier, trésorier départemental de Seine Maritime depuis 1989.

"On a renégocié nos contrats de téléphonie, d’internet, d’impression", affirme Stéphanie Pernod Beaudon, Secrétaire départementale adjointe de la fédération UMP de l’Ain, contactée par Europe1.fr. "Notre ligne téléphonique nous coûtait 200 euros par mois. Désormais, ça nous revient à 50 euros par mois", abonde Maxime Gallier.

Les journaux ont (presque) disparu au siège du parti. "Mais on les a remplacé par des abonnements numériques", rétorque la trésorière.

"Auparavant, l’UMP nous octroyait une dotation transports pour prendre en charge les déplacements de nos cadres à Paris. En 2012, elle était de 7.210 euros. En 2013, elle est supprimée", regrette Dominique Pignatelli.

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Et demain ? La situation financière de l’UMP est telle qu’au sein du parti, certains se demandent s’il ne faudrait pas revendre le siège (photo ci-dessus) - qui a coûté 40 millions d’euros -, situé dans le huppé 15e arrondissement de Paris, inauguré il y a quelques mois à peine. "On a toujours du mal à comprendre l’intérêt des grosses dépenses effectuées par le siège à Paris, quand nous, au niveau local, on tire la langue pour quelques centaines d’euros…", tacle un trésorier, en poste depuis (très) longtemps. Après avoir un temps imaginé d’augmenter la cotisation annuelle de ses militants - fixée à 25 euros - le parti a choisi de lancer un appel aux dons. Suffisant pour voir l’horizon s’éclaircir ?

Pas forcément, car un nuage noir continue de planer au dessus de l’UMP. Seul le Conseil constitutionnel peut souffler dessus. Courant juillet, les Sages décideront en effet de valider ou non les comptes de campagnes de Nicolas Sarkozy. S’ils les rejettent, le manque à gagner sera alors de 11 millions d’euros. "Là, ce serait très compliqué pour l’UMP…", s’inquiète déjà Catherine Vautrin.