Faut-il intervenir militairement à Damas ? Si oui, faut-il un vote préalable au Parlement ? Ces deux questions empoisonnent la vie de l’UMP depuis plusieurs jours. Jean-François Copé a donc décidé de réunir le comité politique du parti, mardi, pour arrêter une position commune. Les députés en feront de même un peu plus tard dans la journée.
>> ILS VEULENT UN VOTE
La Constitution est claire : le chef de l’Etat peut décider d’une intervention militaire sans l’aval des élus du peuple, à condition que les opérations ne durent pas plus de quatre mois. Mais à l’UMP, ils sont nombreux à estimer que, faute de mandat de l’ONU, François Hollande serait bien inspiré de recevoir celui des parlementaires.
C’est notamment la position exprimée par Alain Juppé, lundi à Arcachon, lors de son discours à la réunion des Amis de Sarkozy. La France doit s'engager "dans le cadre d'une coalition" et ses objectifs, tant militaires que politiques, doivent être "clairs", a estimé l’ancien ministre des Affaires étrangères, avant de réclamer un vote "pour que le président puisse s'adosser au moins à l'adhésion de la représentation nationale, même si la Constitution ne l'y oblige pas". "La France ne peut pas partir en guerre sans le soutien clair du Parlement", a de son côté lancé François Fillon, dans le JDD.
Les députés UMP Bernard Accoyer, François Baroin, Axel Poniatowski et Nathalie Kosciusko-Morizet sont sur la même ligne qu’Alain Juppé, tout comme le patron de l'UDI Jean-Louis Borloo ou celui du MoDem, François Bayrou. Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, souhaite également qu'un vote du Parlement engage la responsabilité du gouvernement, ce qu’il a répété mardi matin sur Europe 1, regrettant également que "la France [soit] totalement isolée. Pas un seul soutien au sein de l’Union européenne ! Où sont nos alliés ?" "Nous ne pouvons pas être, parmi les trois grandes démocraties qui se sont préoccupées de ce problème de la Syrie, le seul pays à ne pas voter", a synthétisé l'ex-président Valéry Giscard d'Estaing, lundi sur Europe 1.
VGE : "On n'agit pas militairement sans l...par Europe1fr>> ILS NE VEULENT PAS DE VOTE
Cette position est défendue par le président de l’UMP en personne. Dans un entretien au Monde, Jean-François Copé a ainsi estimé que c'est au seul président de la République "de choisir" d’organiser ou non un vote, et non aux parlementaires de l’exiger. Pour l’élu de Meaux, c’est le "droit le plus absolu" du président de la République de décider de faire débattre le Parlement sans vote, "c'est l'esprit même des institutions". En bon "gaulliste" qu’il est, Christian Estrosi a lui aussi défendu "la capacité du chef de l'État à engager l'armée française ou non".
>> ILS NE VEULENT PAS D’INTERVENTION
Si les ténors de l’UMP, de Jean-François Copé à Alain Juppé, en passant par… Nicolas Sarkozy, sont favorables à une intervention militaire française en Syrie, une majorité des parlementaires y seraient opposés. Yves Nicolin, élu UMP de la Loire, a tâté le terrain auprès de ses collègues en leur envoyant le message suivant : "es-tu prêt à soutenir l'engagement de la France en Syrie dans les conditions actuelles?". Selon Le Figaro, 83 députes UMP ont répondu "non", 4 "oui", 5 ne savaient pas, et 106 n'ont pas répondu.
Député de la 10e circonscription des Français de l'étranger, qui comprend la Syrie, Alain Marsaud (photo) a justifié son refus d’intervenir dans Le Figaro : "il y a un millier de binationaux franco-syriens qui sont coincés là-bas. Que vont-ils devenir en cas d'intervention? Moi, je défends mes compatriotes, et aussi le Liban, qui serait le premier pays de la région à subir les conséquences d'une intervention." Et le député d’"assumer (son) divorce avec Nicolas Sarkozy en matière de politique étrangère".