L’hypothétique fin du cumul des mandats n’emballe pas grand monde. A gauche, certaines voix, dont celle de François Rebsamen - un proche de François Hollande - se sont longtemps élevées contre, puis se sont calmées depuis la remise du rapport Jospin, vendredi, à l'exception de quelques radicaux. A l’inverse, les membres de l’opposition, jusque là assez discrets, sont désormais vent debout contre la proposition de la commission dirigée par l’ancien Premier ministre.
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Les commissaires proposent d’interdire le cumul d'un mandat de parlementaire (député, sénateur) avec un mandat d'exécutif local (maires et adjoints, présidents et vice-présidents des groupements de communes, de conseil général et de conseil régional). Si la proposition est adoptée "on va déconnecter le député du mandat électif d'un territoire, c'est-à-dire des électeurs", a commenté Valérie Pécresse, sur France 2. Le "vrai sujet" selon la députée UMP des Yvelines, "c'est celui du nombre des élus et du nombre des collectivités". "Ce qu'il faut, c'est moins d'élus, mais des élus plus puissants, qui ont plus les moyens de travailler, mais qui sont moins nombreux", a-t-elle précisé.
"Jospin poursuit son acharnement contre la haute assemblée"
Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, assure quant à lui que "depuis dix-huit ans [qu’il est] élu, jamais un électeur ne [l’a] interpellé pour se scandaliser qu’ [il soit] député et maire". "Cela ne m'a jamais empêché non plus d'être très présent à l'Assemblée", a-t-il ajouté au Parisien.
Gérard Longuet va même encore plus loin en déclarant sur Canal + que la fin du cumul des mandats serait une "erreur totale". "Nous avons besoin d'avoir des parlementaires qui aient un ancrage sur le terrain et qui connaissent la vie locale et qui exercent des responsabilités", a jugé l’ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy et actuel sénateur de la Meuse.
Interrogé par Europe 1, vendredi matin, François Baroin y est lui aussi défavorable car "'nous sommes encore dans un Etat centralisé, que les décisions se prennent encore ici (à Paris, Ndlr) et que les politiques ne sont pas nommés mais élus donc si les gens ne voulaient pas de cumul, ils voteraient contre eux."
Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire UMP de Marseille, a un autre angle d’attaque. Pour lui, Lionel Jospin ne chercherait qu’à se venger. "Quatorze ans après ses propos intolérables qualifiant le Sénat 'd'anomalie démocratique', Lionel Jospin poursuit son acharnement contre la haute assemblée et la ruralité", a-t-il déclaré dans un communiqué. "En 2000, sa réforme du Sénat qui visait à affaiblir la représentation des communes rurales avait été censurée par le Conseil constitutionnel" et "avec la même obsession, il reformule les mêmes propositions", a-t-il tranché.