L’UMP, grande perdante du mariage gay

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Antonin André avec , modifié à
EDITO - En n'ayant pas réussi à modérer ses troupes, Copé est tombé dans le piège de Hollande.

Un débat pourtant souhaité par l’opposition. En faisant durer les débats avec plus de 5.000 amendements déposés, l’UMP a montré son envie de faire entendre sa voix sur ce sujet de société. Une tribune médiatique idéale. Le principal parti d’opposition a pourtant raté l’occasion en tenant des propos souvent limites, comparant les enfants de couples homosexuels à "des jouets playmobil" ou dénonçant le désir égoïste des couples bobos. Et hors de l’hémicycle, certains se sont carrément lâchés : Christine Boutin qui annonce pour demain la légalisation de la polygamie ou encore le maire UMP du 8e arrondissement de Paris, François Le Bel, qui s’alarme d’une dérive vers l’inceste, le mariage consanguin. Bref, l’UMP n’a pas réussi à éviter les relents homophobes

Un décalage avec l’opinion publique. Si certains à l’UMP ont semblé gêné aux entournures lors de ces deux semaines de débats, c’est qu’ils avaient bien conscience que la fermeté de ses orateurs ne collaient pas aux remontées du terrain. Un sentiment confirmé par les sondages. Selon l’Ifop, en deux semaines, on est ainsi passé de 66% à 69% des Français favorables au mariage pour tous.

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NKM-capture

Une unité de façade. Ressouder les troupes derrière une cause commune, l’opportunité était trop belle après le psychodrame de l’automne dernier. Raté. Deux députés, au moins, voteront pour le texte : Franck Riester et Benoist Apparu. NKM, quant à elle, va s‘abstenir, et avec elle une poignée d’élus. Enfin, il y a ceux qui voteront contre le mariage pour tous afin de ne pas heurter leurs électeurs mais qui se sont tenus loin d’un débat qui les a mis mal à l’aise. Il n’y avait qu’à voir François Fillon lever les yeux au ciel, priant pour que le réquisitoire d’Henri Guaino à la tribune sur un choix de civilisation s’arrête enfin.

Un échec pour Copé. Il cherche toujours à consolider son image de chef de l’opposition. Après les pains au chocolat et le mariage pour tous,  le président de l’UMP aura le droit de vote des étrangers aux élections locales comme futur terrain de jeu. Mais sur l’emploi, le pouvoir d’achat, la fléxisécurité, la crise industrielle, l’Europe, pas une proposition audible n’a été formulée. Un comble quand on se souvient que c’est lui, Jean-François Copé, qui accusait Hollande de détourner le regard des Français de ses réformes économiques avec « son » mariage pour tous. Le président de l’UMP est donc lui-même tombé dans le piège qu’il dénonçait.