Il ne s’agissait pas de le priver de salaire, mais tout de même d'amputer sérieusement sa rémunération . L'amendement au budget 2011 déposé par des députés UMP pour sabrer la rémunération de Martin Hirsch a été retiré vendredi à la demande du gouvernement.
A l’origine de ce amendement portant sur le salaire du président de l'Agence du service civique : des députés UMP, dont Bernard Debré et Louis Giscard d'Estaing, qui disent avoir reçu l’assentiment de Jean-François Copé. Leur point commun ? Ils sont cités dans le dernier livre polémique de Martin Hirsch intitulé Pour en finir avec les conflits d'intérêts.
Leur texte visait à transférer "160.000 euros" de crédits alloués à l'Agence du service civique à ceux dévolus au sport et ainsi "réduire à un niveau symbolique" les émoluments de l'ex-Haut commissaire aux Solidarités actives.
"Nous avions là un cas d'école qui nécessite de mettre en cohérence les niveaux de rémunération avec l'éthique politique", a expliqué Nicolas Dhuicq, se défendant "en tant que gaulliste" de "s'occuper des questions de personnes".
"De la rétorsion, de la vengeance"
La mesure n'a pas été validée au final, mais le coup de poignard dans le dos ne fait pas de doute pour Martin Hirsch. "C’est de la rétorsion, de la vengeance, de la protection personnelle. C’est destiné à faire taire tout le monde. C’est frontal", s'est-il insurgé sur Europe 1, avant le retrait de la mesure. "C’est dire : "Martin Hirsch n’a pas le droit de dire que les parlementaires touchent en même temps de l’argent d’entreprise via leur cabinet d’avocat ou via du conseil. Et donc pour le punir d’avoir dire cela tout haut, on va lui couper les vivres, ont va lui virer son salaire".
"J'ai toujours été clair"
Et l'ancien président d'Emmaüs de s'expliquer sur sa rémunération. "J’ai un salaire de haut fonctionnaire. J’ai toujours été clair en disant je fait partie du conseil d’Etat, pour lequel j’ai le droit à une rémunération. Je n’en bouge pas et je n’accepte aucune augmentation. Ce n’est pas parce que je n’ai pas un rapport malsain à l’argent qu’il faut que chacun essaye de transposer sur moi les rapports incestueux qu’ils peuvent avoir avec l’argent."
Dans son livre, Martin Hirsch s’en prend notamment à Jean-François Copé, le patron des députés UMP qui est par ailleurs avocat d’affaires. En réponse, ce dernier avait accusé à son tour Martin Hirsch d’être derrière "le plus joli conflit d'intérêts" en faisant voter la loi prévoyant la création de l'Agence qu'il devait ensuite diriger.