Un bureau politique apaisé, tranquille, presque routinier, les cadres de l’UMP en rêvent probablement. Mais ce ne sera pas encore pour cette fois. Mardi à 19 heures, les leaders du parti d’opposition se rassemblent au siège, et une nouvelle fois la réunion s’annonce, comme les précédentes, houleuse. En cause : les dernières révélations de l’affaire Bygmalion, avec un étrange et très secret prêt de 3 millions d’euros du groupe UMP à l’Assemblée à… l’UMP, et une addition finale de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 beaucoup plus lourde que prévu, de l’ordre de 40 millions d’euros. Ça va chauffer.
Jacob a dû s'expliquer. D’abord pour Christian Jacob. Les députés UMP ont réclamé à leur président de groupe une opération transparence. Parce que de polémique en affaires, ils en ont ras-le-bol. "C’est un sentiment à la fois de colère et d’écœurement", assure ainsi Pierre Morel-A-L’Huissier à Europe 1. "Je ne comprends pas que tout d’un coup, on apprenne que de l’argent du groupe qui doit servir à l’action des parlementaires, ait pu être utilisé à d’autres fins", s’agace le député de Lozère.
Bernard Debré évoque lui ouvertement la possibilité de couper des têtes. "Si ce prêt est légal, on dira à Copé et Jacob : ‘vous auriez dû nous prévenir’. Si c’est illégal, Jacob ne peut plus rester là où il est", explique le député de Paris. "Il faut qu’on purge toutes les affaires de notre mouvement Nous voulons tout savoir", prévient-il.
Autant dire que la réunion du groupe UMP à l'Assemblée s'est déroulée dans une ambiance tendue, mardi. Christian Jacob a dû se justifier sur le prêt de 3 millions d'euros accordé à l'UMP. Il a expliqué avoir gardé le secret pour ne pas "mettre sur la place publique" le fait que le parti était "en cessation de paiement". Il a également annoncé un audit des comptes du groupe et promis plus de transparence. Christian Jacob restera donc chef de file des députés UMP : "pour l'instant, on n'a pas voulu ajouter de la crise à la crise", confie un député.
L’ombre de Sarkozy. Et certains commencent même à demander des comptes à Nicolas Sarkozy. Sans le mettre directement en cause, mais en réclamant qu’il sorte de son silence. "Nicolas Sarkozy doit s’exprimer. Parce que c’était sa campagne électorale", plaide ainsi le député Etienne Blanc. "A mon avis, Nicolas Sarkozy a dû déléguer. Mais il y a des responsabilités. Qui a fait quoi ? Faute d’explications, il restera sur lui une ombre qui va considérablement le gêner s’il souhaite se présenter en 2017", estime l’élu de l’Ain. Signe que l’heure est grave : lundi, Alain Juppé a fait savoir qu’il allait rencontrer Nicolas Sarkozy pour discuter de la situation de l’UMP.
Le cas Lavrilleux. Mais le gros morceau du bureau politique de l’UMP devrait concerner le cas de Jérôme Lavrilleux. L’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé, qui a admis une double facturation de la campagne de Nicolas Sarkozy, est menacé d’exclusion. "Nous allons lancer la procédure, en accord avec le collège, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon", confirme Alain Juppé à Europe 1. "Cette procédure, qui comprend des garanties pour le parlementaire qu’est M. Lavrilleux, se déroulera sans doute sur un certain temps ", tempère toutefois le maire de Bordeaux. Sauf que le tout récent eurodéputé n’est pas décidé à se laisser faire. Il a déjà menacé d’attaquer en justice si d’aventure la procédure d’exclusion était lancée. "Je ne serai pas le type qui paiera pour tous", a-t-il prévenu. L’UMP est décidément encore très loin de sortir de l’ornière.
CONTRE-ATTAQUE - S'il est exclu, Lavrilleux portera plainte
RECAP' - L'UMP acculée sur tous les fronts
L'ADDITION SVP - Trois exemples de dépenses folles de l'UMP
RÉACTIONS - Une affaire "gravissime"