On a vu, ici, la Droite sociale accuser de plagiat la Droite populaire. Et puis, là, la Droite rurale se distinguer des Humanistes, qui eux-mêmes ne s’apparentent pas aux Libéraux. Bref, depuis quelques mois, l’UMP s’est transformée en une mosaïque illisible pour les non-initiés. Le parti majoritaire s’engouffre dans une dynamique inverse à celle de 2007. A l’époque tous les courants s’étaient fondus dans l’UMP pour le sacre de Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, le parti présidentiel n’en finit plus de se diviser, de se subdiviser en chapelles.
Les sous-groupes du parti présidentiel
Pour planter le décor, rappelons qu’il a d’abord eu la création de la Droite populaire, ultra-médiatisée, regroupant une quarantaine de députés derrière le ministre des Transports Thierry Mariani. Se targuant d’être "autorisés" par l’Elysée, ces parlementaires se sont positionnés à droite de la droite et ont régulièrement été accusés - y compris par la majorité - d’être trop collés aux idées du Front national.
Pour leur faire face, les centristes se sont rangés derrière les ministres Jean Leonetti (Radical) et Marc Laffineur pour fonder les Humanistes. Leur raison d’exister : "équilibrer" le parti présidentiel.
L’UMP a aussi vu naître la Droite sociale avec Laurent Wauquiez pour lutter contre "l’assistanat". Depuis l’échec des sénatoriales, la discrète Droite rurale a également fait entendre sa voix sur l’air de "on vous l’avait bien dit qu’il fallait écouter les territoires".
Enfin, il y aussi Hervé Novelli et les Libéraux qui se retrouveront le 9 novembre avec à la clé la possible création d’un sous-groupe. Fin de l’énumération.
Dynamique inverse à 2007
A voir cette mosaïque, les années 2006-2007 semblent très loin. "Il y avait alors une dynamique positive, de convergence des personnalités centristes et même villepinistes derrière Nicolas Sarkzoy. L’organisation UMP avait aspiré toutes les sensibilités. Ce n’est plus le cas", explique à Europe1.fr le politologue Stéphane Rozès, fondateur de CAP.
Aujourd’hui, une bonne partie de ces centristes ont quitté le parti dans le sillage de Jean-Louis Borloo. En cause : la droitisation du parti. "Il y a eu le discours du président de Grenoble, le débat sur le voile et l’islamisation", qui ne sont pas passés, analyse encore le politologue, pour qui ce départ d’une partie du centre témoigne - tout comme la constitution de sous-groupes - d’une certaine crise d’identité de l’UMP.
Mais au final, cette mosaïsation - qui permettra à l’UMP de ratisser large - n’est-elle pas profitable pour la campagne de 2012 ? "Le phénomène n’est pas pensé. Ce sont des personnalités et des sensibilités insatisfaites qui ont décidé de se faire entendre comme bon leur semble", répond Stéphane Rozès, sceptique. Pour le reste, "quand les choses vous ont échappé il est toujours préférable de dire qu’on les a initiées", analyse-t-il expliquant ainsi que le parti présidentiel n’ait recadré aucun de ces groupes.
Ces divisions sont, en outre, dangereuses pour la parti majoritaire. Le plus bruyant et médiatisé de ces groupes, la Droite populaire, chassant sur les terres du FN, droitise fortement le discours de l’UMP et "libère un espace au centre qui bénéficie à… François Hollande", décrypte Stéphane Rozès. Or, le maillon faible de l’UMP ce sont justement ces électeurs centristes qui ont quitté le navire.