L'exercice se veut "collectif". Ils étaient tous là ou presque. De Jean-François Copé à François Fillon, en passant par Alain Juppé, Xavier Bertrand ou encore Laurent Wauquiez. Ces têtes d’affiche de l’UMP, qui ne cachent rien de leurs ambitions pour 2017, se réunissaient mercredi en séminaire pour définir une dizaine de "mesures d'urgence" à prendre pour "redresser la France" et "sortir de la politique catastrophique du gouvernement Ayrault". Un séminaire qui n'est pas l'antichambre de l'alternance mais le creuset d'"orientations futures", avançait-on avec prudence à l'UMP. Manière de ménager les susceptibilités de chacun tout en voulant faire la démonstration que le parti est capable de "jouer collectif". Mais pour Jean-François Copé, venu assurer la promotion de cette réunion au JT de 20h de TF1, les ténors de l'UMP ont, en deux heures, tracé "un autre chemin pour la France".
Document de travail. Lors de ce "brainstorming", le délégué général en charge du projet Hervé Mariton, épaulés du fillonniste Eric Woerth et du copéiste Luc Chatel, ont présent"plusieurs propositions du parti en faveur du travail, de la compétitivité des entreprises françaises et de la réduction des dépenses de l'État. Chacun des trois thèmes a donné lieu à trois ou quatre propositions, qui seront soumises (avec d'autres touchant aux domaines régaliens, comme l'immigration, la sécurité ou la justice) le 25 janvier au vote du Conseil national de l'UMP.
Les 35 heures, point de rupture avec Sarkozy. L'UMP entend "mettre le paquet sur tout ce qui facilite la production et l'embauche", avec en ligne de mire les 35 heures, sur lesquelles Nicolas Sarkozy n’a jamais voulu revenir pendant son quinquennat et sur lesquelles il ne reviendra pas, en cas de candidature en 2017. "C'est un drôle de programme de promettre les 39 heures payées 35 et la retraite à 65 ans. Bon courage à celui qui veut se faire élire là-dessus !", avait taclé l'ancien chef de l'Etat, en septembre en visant le premier de ses rivaux, François Fillon. Pourtant, cette proposition a fait l'unanimité, chacun s'accordant même pour que la durée du travail et le déclenchement des heures supplémentaires ne soient plus définis par la loi, mais par la négociation entre partenaires sociaux.
"35h, c'est un plafond bas et il faut que dans les entreprises, dans les branches, on puisse négocier un peu mieux", estime Eric Woerth :
Réduire la dépense publique. La réduction de la dépense publique est l'autre pilier du "redressement" défendu par le parti d'opposition. L'UMP ambitionne de ramener la dépense publique, qui représente aujourd'hui 57% du PIB, dans la moyenne de la zone euro, autour de 50% du PIB. Le parti préconise 130 milliards d'économies "sur plusieurs années" (10% des 1.300 milliards d'euros de dépenses publiques) qui iraient pour moitié à la baisse des impôts, pour l'autre au désendettement, via une refonte de l'organisation de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale. Au nombre des pistes avancées : fusion de la région et du département, réduction du nombre d'élus, poursuite du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, suppression de l'aide médicale d'Etat, réforme du régime des intermittents, réduction des chaînes de télévision publiques, etc.
Réformer l’indemnisation chômage. Le président UMP de la commission des Finances de l'Assemblée, Gilles Carrez, s'est alarmé dernièrement de "dérapages massifs sur toutes les interventions de 'guichet', notamment sociales" (allocation logement, allocation adulte handicapé, etc.) dans le collectif budgétaire 2013. Une réforme du régime d'indemnisation du chômage entrerait dans ce plan global d'économies, avec une dégressivité des allocations qui permettrait, selon l'UMP, de mieux financer l'accompagnement des demandeurs d'emploi. Cette proposition, portée par Bruno Le Maire - qui avait été rejetée par Nicolas Sarkozy lors de sa campagne de 2012, a cette fois fait l'unanimité.