Face à l’énormité des accusations de Robert Bourgi, l’avocat qui a été au service de l’Elysée pendant près de 25 ans, dans le Journal du dimanche, l'opposition est vite montée au créneau. Invité sur Europe 1 lundi, Robert Bourgi a affirmé que Dominique de Villepin et Jacques Chirac avaient reçu des financements occultes de la part de dirigeants africains, pour un montant de "20 millions de dollars".
La "honte" des Français
Sur Europe 1, Ségolène Royal a qualifié ces révélations de "règlement de comptes nauséabond". La candidate à la primaire socialiste a jugé le spectacle de l’affaire Bourgi "affligeant", "au moment où la France souffre de la crise économique". Et d’appeler à passer "un bon coup de balai à ceux qui dirigent si mal notre pays", et "qui font honte aux Français".
Enfin, Ségolène Royal souhaite "une enquête". Tout comme Cécile Duflot, qui a formulé le même souhait lundi sur i-Télé. Sur le même registre que Ségolène Royal, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts a estimé que les déclarations de Robert Bourgi dévoilaient "un climat absolument détestable". Elles "expliquent la complaisance avec certains régimes africains" et le fait que "l'enquête sur les biens mal acquis de dirigeants africains en France n'avance pas", a-t-elle ajouté.
Fabius dédouane Mitterrand
Martine Aubry, elle, s'est surtout placée sur le terrain de la justice. Interviewée sur France Bleu Hérault, elle a voulu "attendre les faits". "Je pense que la justice va se saisir de cette affaire", a-t-elle affirmé. Elle a néanmoins qualifié les propos de Robert Bourgi "d'extrêmement graves".
Manuel Valls, lui, a souhaité lundi une "commission parlementaire" sur "les relations très particulières" entre la France et des dirigeants africains. "Ça pue", a-t-il ajouté, tout en déplorant : "on sent bien que cette campagne présidentielle risque d'être dominée par ce type de révélations".
Pour Laurent Fabius, l’affaire Bourgi peut être ni plus ni moins qu’"un des plus gros scandales de la droite depuis des décennies". Et l’ex-Premier ministre de François Mitterrand a dédouané l’ex-président socialiste : interrogé sur RTL pour savoir si François Mitterrand a touché de l'argent de dirigeants africains, il répond : "à ma connaissance, non". "Ces pratiques existaient même du temps de messieurs Pompidou, Giscard d'Estaing et Mitterrand", a pourtant affirmé Robert Bourgi, lundi sur Europe 1.
Devedjian "stupéfait"
Sur France Info, Marine Le Pen s'est "étonnée que Robert Borgi ne parle pas de Nicolas Sarkozy, alors qu'il fait partie du premier cercle" des proches du président.
Seul pour le moment à avoir réagi à l'UMP, Patrick Devedjian s'est dit sur LCI "stupéfait de ces pseudo-révélations". "Je suis étonné parce que M. Bourgi se met gravement en cause. C'est une sorte d'aveu personnel, il affirme un rôle qui implique sa responsabilité pénale propre. Il peut avoir des comptes sérieux à rendre à la justice, au-delà de la diffamation", a-t-il estimé.
De leur côté, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, visés au premier plan dans cette affaire, ont décidé de porter plainte en diffamation contre Robert Bourgi.