L’entourage de Jean-Noël Guérini est en colère. La publication, mercredi, d’un rapport cinglant d’Arnaud Montebourg sur les "pratiques plus que contestables" des dirigeants de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône a provoqué bien des remous. "Mensonge", "calomnie" : les mots sont lâchés du côté du "clan" Guérini, où les militants sont amers vis-à-vis de d’Arnaud Montebourg, que l’on dit proche d’élus de la droite marseillaise.
Depuis Athènes, la numéro un du PS, Martine Aubry a annoncé une "commission d'enquête" pour tirer les faits au clair, ajoutant toutefois qu'il n'y avait "pas de faits" dans le rapport Montebourg.
Montebourg "veut se refaire une virginité"
La révélation mercredi du rapport "confidentiel" d'Arnaud Montebourg a suscité beaucoup de réactions. "Il veut se refaire une virginité à l’orée des primaires", lance un militant socialiste au micro d’Europe 1. "Il se dit ‘moi, Arnaud Montebourg, je vais lutter contre les méchants de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône’", ironise-t-il. Et de conclure : "Arnaud Montebourg fera 3% aux primaires et il rentrera à la maison".
"Un certain nombre de problèmes"
Pierre Moscovici est lui aussi très sceptique. Ces accusations "ne reposent sur rien. Je crois que Montebourg fait de la politique", a-t-il raillé vendredi sur i-TELE et Radio Classique. "Il s'est auto-saisi du cas d'une fédération, il a dressé un portrait à charge (...) A deux semaines des élections cantonales, je trouve cela hautement contestable", a lancé le secrétaire national, proche de DSK. Même constat pour le numéro 2 du PS, Harlem Désir. "Arnaud Montebourg a rédigé un rapport dans lequel il donne des affirmations", "des allégations", "des impressions personnelles" mais il "n'est pas juge d'instruction", a-t-il déclaré sur RTL. Toutefois, s'il s'avère qu'il y a "des problèmes" dans cette fédération "nous prendrons nos responsabilités", a-t-il assuré.
Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, s'est montré quant à lui plus nuancé. Vendredi, il a estimé sur LCI que le rapport Montebourg "pointait un certain nombre de problèmes", tout en estimant que les choses devraient être "clarifiées" sur les circonstances de sa sortie. L'eurodéputé socialiste s'est dit notamment "totalement surpris, étonné du fait qu'il y ait eu un rapport dont personne n'a entendu parler et qui sort aujourd'hui".
"Etre exemplaire", dit Royal
Ségolène Royal, interrogée sur l'affaire, a affirmé vendredi à Nantes n'avoir qu'"un mot à dire", que "le Parti socialiste" soit "exemplaire"."Nous devons donc être irréprochables. Les Français ont soif de règles justes et transparentes. La légitimité de tout scrutin ne doit être entachée d'aucune façon", a déclaré la candidate aux primaires socialistes.
"Fébrilité de la direction"
Un attitude qui laisse Malek Boutih perplexe. "Je ne pense pas qu'on puisse dire 'circulez, y a rien à voir'" a estimé sur France Inter le membre du bureau national du PS. Il a pointé "la fébrilité d'une direction (...) qui a du mal à assumer ses responsabilités". Ainsi, il demande la création au sein du parti d'"une commission d'enquête sur ce qui se passe dans les Bouches-du-Rhône".
Même au-delà de la rue de Solferino, l'affaire fait réagir. Au micro d’Europe 1, la chef de file d’Europe Ecologie en région PACA, Laurence Vichnievsky avait appelé vendredi Martine Aubry à prendre définitivement position.
Les électeurs "feront le tri" :
Une demande relayée par Eva Joly, candidate potentielle de EELV en 2012. "Je pense que le rapport de Montebourg décrit ce que tout le monde ici murmure tout bas et qui est l'objet d'une instruction", a-t-elle expliqué. Et d'ajouter que "cela devrait inciter les partis politiques à faire le ménage et ne pas attendre la décision de justice".
Le risque de perdre de la crédibilité
Face au rapport d’Arnaud Montebourg, comment le PS des Bouches-du-Rhône pourra-t-il regagner la confiance des électeurs ? Le président du groupe socialiste au Conseil municipal de Marseille, Patrick Mennucci, se dit inquiet. "J’ai le souci d’assurer aux électeurs que ces personnalités-là sont des gens qui ont fait leur travail, qui sont des conseillers généraux qui remplissent parfaitement leurs missions et qu’il ne faut pas confondre les choses". Et effectivement, le facteur temps ne semble pas négligeable. Car, à quelques semaines des cantonales, admet le socialiste, le rapport Montebourg sera "un élément difficile à gérer".