L’information. Jean-Marc Ayrault a annoncé mardi le nouveau plan du gouvernement pour les quartiers difficiles. Une annonce qui intervient alors que les finances de l’Etat sont dans le rouge et que les collectivités locales voient leur budget baisser.
Une action déjà critiquée… Mairies, conseils généraux et régionaux vont ainsi recevoir trois milliards d’euros en moins de l’Etat sur deux ans. "Cela n’est plus tenable", a réagi sur Europe 1 le président UMP du Conseil général de Maine-et-Loire, Christophe Béchu : "quand on a des dépenses obligatoires auxquelles on ne peut pas toucher - je n’ai pas le droit de diminuer le RSA - , et que l’on a des recettes qui diminuent, alors on arbitre dans les budgets qui sont facultatifs : les dépenses d’investissement, mais en diminuant ce budget, on risque de pénaliser les entreprises et l’emploi. On a un gouvernement qui diminue nos recettes mais qui ne nous donne pas les moyens de diminuer nos dépenses", a-t-il regretté.
… et osée politiquement. Solliciter les collectivités locales, qui sont très majoritairement à gauche, pourrait s’avérer être un risque à un an des élections municipales. Lundi, presque admiratif, un ancien ministre de Nicolas Sarkozy confiait d’ailleurs à Europe 1 qu’ "il n’y a qu’un gouvernement de gauche qui peut faire avaler une telle pilule aux collectivités locales !"
A Matignon, les éléments de langage sont déjà prêts : "nous ne faisons qu’appliquer au niveau local ce que nous imposons à tous au niveau national". Quant au risque électoral, il est nié par Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, qui assure qu’il "n’y aura pas de musique différente pour séduire les électeurs, même si l’on s’en prend une (sic), il faut de la cohérence, poursuivre les réformes".
Les municipales mises de côté ? Derrière cette stratégie se cache en fait une vraie lucidité électorale. Beaucoup au Parti socialiste estiment en effet que les municipales sont un enjeu de moins en moins national puisque près de 75% des maires sortants sont réélus. Quant aux élections européennes, ce n’est pas une priorité pour la raison simple qu’elles n’ont jamais souri aux socialistes. Conclusion : la majorité regarde déjà à l’horizon des régionales, un scrutin plus politisé selon elle. Avec le secret espoir que dans deux ans, la politique du gouvernement ait porté ses fruits.