L’INFO. Le Bureau du Sénat, composé du président, des huit vice-présidents, et de 14 secrétaires choisis parmi les groupes parlementaires, a décidé de lever l’immunité parlementaire de Jean-Noël Guérini. C’est la deuxième fois qu’une telle décision est prise. En mars, déjà, le président controversé de la Fédération PS des Bouches-du-Rhône avait déjà été dépossédé de son immunité de sénateur.
• Un dossier à "caractère mafieux". Pour le juge marseillais Charles Duchaine, à l'origine de la demande, il existe "une ou plusieurs raisons plausibles" de soupçonner le président du conseil général des Bouches-du-Rhône d'avoir commis les délits de corruption passive, trafic d'influence et association de malfaiteurs. L’affaire porte sur des entreprises qui ont remporté des marchés publics "dans des conditions suspectes" auprès de collectivités. Des gérants, des élus et fonctionnaires ont été mis en examen. Mais surtout, ce dossier a mis à jour des liens avec le grand banditisme.
• Un frère encombrant. L’un des acteurs principaux du dossier n’est autre qu’Alexandre Guérini, frère de Jean-Noël. L’homme est lié à Patrick Boudemaghe, dirigeant des sociétés incriminées, arrêté en Espagne fin 2010, Bernard Barresi "malfaiteur notoire" vivant sous de fausses identités, arrêté en juin 2010 après 18 ans de cavale. Le trio aurait eu recours à des pots-de-vin pour décrocher ou faire obtenir des marchés publics auprès des conseils généraux des Bouches-du-Rhône et de Haute-Corse, ainsi que de l'agglomération de Salon-de-Provence. Jean-Noël Guérini aurait lui assuré de façon "systématique" le succès des entreprises de son frère et de ses amis "par ses interventions influentes, ses actions ou ses abstentions", dénoncées aux enquêteurs par d'anciens collaborateurs.
• Déjà mis en examen. Jean-Noël Guérini avait déjà vu son immunité parlementaire levée en mars, parce qu’il refusait de répondre au juge Duchaine dans une autre affaire, qui concerne là encore son frère Alexandre. Le sénateur socialiste a été mis en examen le 8 septembre 2011 dans cet autre dossier pour "complicité d'obstacle à la manifestation de la vérité", "prise illégale d'intérêts", "trafic d'influence" et "association de malfaiteurs en vue du trafic d'influence et recel de trafic". Dans une ordonnance en date du 5 août précédent, le juge Duchaine estime que Jean-Noël Guérini a "toléré les immixtions sans titre de son frère Alexandre dans le règlement d'affaires relevant de la compétence du département à des fins de clientélisme servant leurs intérêts communs"