L’hypothèse Juppé prend du poids

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et Caroline Roux , modifié à
L’INFO POLITIQUE - Les sondages lui donnent des ailes. Conséquence : à l’UMP, le temps de la bienveillance est révolu.

Le contexte. Alain Juppé cultive sa différence avec les autres ténors de l’UMP, et ça marche. Selon un sondage BVA pour L’Express paru lundi, le maire de Bordeaux est en effet aussi populaire que Nicolas Sarkozy chez les sympathisants de droite. Selon Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1, il est désormais devenu un recours possible au duel annoncé entre l’ancien président et François Fillon pour la présidentielle de 2017.

"Juppé le sage" devient "Juppé le rival"par Europe1fr

Place à la "machine à baffes". "C’est maintenant que les problèmes commencent", s’est esclaffé Alain Juppé, lundi, devant quelques journalistes qui l’interrogeaient sur ce nouveau sondage favorable. Car l’ancien ministre est lucide : depuis la défaite de Nicolas Sarkozy le 6 mai 2012, Alain Juppé a choisi de faire un pas de côté. Lui n’est ni copéiste, ni filloniste, simplement un garant de la ligne politique de l’UMP. Mais cette posture qu’il s’est créée est en train de se fissurer. La bienveillance a vécu, place à la "machine à baffes".

Il ne voit plus Fillon. Un fidèle de Nicolas Sarkozy lance ainsi les hostilités : "il n’y a pas de désir de Juppé et surtout qu’il arrête de faire la leçon à tout le monde ! Juppé répète que l’UMP ne travaille pas mais il ne se montre ni au bureau politique ni aux conventions du parti." Au siège de l’UMP, l’état d’esprit est le même. On a peu goûté les critiques du "meilleur d’entre eux" sur la droite décomplexée chère à Jean-François Copé. Et Alain Juppé ne trouvera pas davantage de soutien chez les fillonistes, où l’on reconnaît que les deux anciens Premiers ministres ne se parlent plus et sont désormais "des rivaux". Encore considéré comme une autorité morale il y a peu, Alain Juppé est devenu un ambitieux qui trépigne d'impatience, comme les autres. 

Il veut avancer les primaires. Un ambitieux qui se dévoile petit à petit. Après sa sortie contre la droite décomplexée accusée d’avoir permis la fuite des électeurs UMP vers le FN, Alain Juppé s’est attaqué au sujet des primaires. Pour lui, le choix du candidat qui défendra les couleurs de la droite à la présidentielle de 2017 doit se faire dès le début de l’année 2016 plutôt qu’à l’automne, date initialement arrêtée. Cette idée d’avancer le calendrier avait déjà été testée, quelques jours plutôt, par ses plus proches conseillers auprès des ténors de l’UMP. Preuve que sa sortie était bien préparée.

Alain Juppé consulte à tout va, et ne manque pas une occasion de dire tout le bien qu’il pense des ambitieux quadra de l’UMP, tel Bruno Le Maire qu’il a longuement reçu à Bordeaux, jeudi dernier. Mais si le maire de Bordeaux se tient prêt, il n’est pas dupe de la versatilité des sondages : aujourd’hui, il grimpe parce qu’il rassure. Demain, s’il révèle ses ambitions, il sait qu'il chutera.