Depuis un peu plus dix ans, le Parti communiste français voyait son électorat fondre comme neige au soleil. Mais 2012 a marqué son renouveau grâce au tribun, et ex-socialiste, Jean-Luc Mélenchon. De jeudi à dimanche, cadres et adhérents du mouvement se retrouvent en banlieue parisienne, à Saint-Denis, notamment pour clarifier leur positionnement par rapport au PS. A cette occasion, Europe1.fr a interrogé la jeune garde communiste avec une question simple : "c’est quoi être communiste en 2013?"
Ian Brossat, 32 ans, est le plus jeune président de groupe du conseil de Paris. Il est aussi membre du Conseil National du Parti communiste français, en charge de la sécurité. En 2012, il était le candidat du front de gauche aux législatives pour la 17e circonscription de Paris.
Nordine Idir est secrétaire général du Mouvement des Jeunes Communistes de France, première organisation politique de jeunesse.
Comment définiriez-vous le communisme aujourd’hui?
Ian Brossat : Comme je l’aurais fait hier. C’est avant tout le partage. Le partage des richesses, des savoirs, des pouvoirs. C’est un fil continu dans l’histoire du Parti communiste français. Et les faits nous ont donné raison car plus le temps passe et plus les inégalités s’accroissent.
Nordine Idir : C’est avant tout le partage, la coopération entre individus. C’est aussi le meilleur moyen, à mon sens, de répondre aux grands enjeux du XXIe siècle. Comment nourrir neuf milliards d’habitants ? Comment mettre en place la transition écologique ? Comment sortir des logiques de guerre ? Les chantiers sont immenses, mais les solutions existent et elles passent par la délibération collective avant tout.
Le Parti communiste a donc encore sa place dans le paysage politique français ?
Ian Brossat : Bien sûr, la question ne se pose même pas. Enfin le PCF se doit tout de même, selon moi, de marcher dans les pas du Front de gauche, qui nous a porté lors des dernières élections. Rassembler 11% des voix soit quatre millions de Français, c’est bien la preuve que l’idéologie communiste a encore un avenir. On se doit donc de poursuivre dans cette voie car on a progressé grâce à eux et on grandit ensemble.
Nordine Idir : Bien sûr, car les urgences sociales sont immenses. Après, il ne faut non plus se présenter comme détenant LA solution, il faut contraire que nous soyons le moteur d’un rassemblement populaire. Nous devons être une force de propositions. C’est aussi à nous de lancer des grands débats, comme on le fait actuellement autour de l’idée de la nationalisation de certains secteurs stratégiques. Cela implique donc grandement les travailleurs. C’est en impulsant toutes ces choses que l’on sera utile.
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Comment doit évoluer le PCF dans les années à venir ?
Ian Brossat : On doit avant tout continuer à assumer notre identité et faire ce que l’on sait faire de mieux : faire avancer les choses concrètement grâce à nos élus de terrain, faire de l’associatif. C’est sur ce terrain que les gens nous attendent car nous, on ne fait pas de la politique pour obtenir des postes, mais pour améliorer la vie des gens au quotidien.
Nordine Idir : Il faut poursuivre la démarche du Front de gauche. Rassembler, faire de la politique autrement, au contact des gens, introduire des espaces de discussion pour impliquer les citoyens dans les universités, les quartiers, les entreprises. Le Front a vocation à s’élargir, et on ne sera pas toujours d’accord sur tout, c’est l’intérêt du débat démocratique. On doit savoir dépasser nos divergences pour servir l’intérêt général.
Justement, quelle perception ont les gens du PCF, selon vous ?
Ian Brossat : Je suis sûr d’une chose : l’image ringarde qui collait aux basques des communistes est effacée. Dans ma section, je vois beaucoup de jeunes venir adhérer après avoir suivi l’aventure du Front de gauche aux élections. L’ambiance a changé, les sourires sont revenus, même si la situation économique fait que les attentes qui sont celles de nos adhérents sont immenses.
Nordine Idir : Le regard porté sur nous est beaucoup plus équilibré que ce que rapportent les médias. Nous sommes appréciés car on montre notre utilité au quotidien, et les Français attendent des réponses concrètes. Ce n’est pas un hasard si quatre millions de gens ont voté pour nous. D’ailleurs, depuis deux ans, j’ai pu constater que de nombreux jeunes viennent adhérer au PCF et veulent prendre des responsabilités. Il y a des vraies attentes dans cette nouvelle génération qui a contribué à faire tomber Nicolas Sarkozy. C’est une excellente nouvelle !