Les déclarations. Depuis trois semaines que dure le psychodrame à l’UMP, le Front national n’en finit plus de revendiquer une explosion des adhésions. Encore vendredi matin, Florian Philippot a évoqué sur Europe 1 "un afflux d’adhérents". "Ils viennent de l’UMP mais pas seulement. Ce sont des gens qui aiment trop la politique pour accepter qu’elle se résume à ce spectacle affligeant de l’UMP", a affirmé le vice-président du FN.
>>> Laurent Guimier s'est penché sur la question dans son vrai-faux de l'info, vendredi matin sur Europe 1 :
L’imbrogolio des chiffres. Reste que même au Front national, ils ne sont pas d’accord sur les chiffres. C’est Marine Le Pen qui la première a avancé un chiffre, mardi sur Radio Classique. "Pour l’instant, on n’a pas de chiffres, mais on les donnera. Il n’y a pas de souci. On était la semaine dernière à 55.000 adhérents, je pense qu’on va augmenter significativement ce nombre d’adhérents", a assuré Marine Le Pen.
Mais vendredi matin, soit trois jours plus tard seulement, Florian Philippot a avancé un autre chiffre. "Il doit y en avoir un peu plus de 60.000", a répondu le numéro 2 du FN d’une voix pas forcément assurée. "Ça varie tous les jours", a-t-il expliqué, avant de valider une fourchette allant de 60.000 à 62.000 adhérents. En comparaison du chiffre de Marine Le Pen, cela signifierait de 5 à 7.000 adhérents supplémentaires en trois jours. Tout bonnement impossible.
Ecoutez Florian Philippot (à partir de 4’20) :
Mais il y a plus troublant encore. Sur le site Internet officiel du parti frontiste, on évoque "75.000 adhérents et sympathisants (qui) le représentent, répartis dans 100 fédérations". Un troisième chiffre donc, peut-être encore moins précis que les précédents, puisqu’il englobe adhérents et sympathisants, alors que seuls les premiers cotisent et peuvent être décomptés.
Quand sera-t-on officiellement fixé ? Pas avant janvier… 2014, et encore de façon imprécise. A cette date en effet, la très officielle commission des comptes de campagne et de financement politique publiera, comme la loi l’oblige, le montant du chiffre des cotisations versées par les adhérents en 2012 de chaque parti. Il suffira de diviser ce chiffre par le montant moyen d’une adhésion pour compter les troupes, à quelques milliers d'adhérents près, et se rendre compte d’un éventuel boom des adhésions.
Un vide juridique. C’est un problème qui ne concerne pas seulement le Front national, mais tous les partis politiques français. Car le chiffre des adhérents n’est certifié par aucun organisme officiel.