Nicolas Sarkozy estime que la place de l'islam est France est un débat porteur, aussi a-t-il chargé l'UMP de se pencher sur la question. Le président de la République souhaite pouvoir proposer prochainement des règles concrètes à l'islam en France, inspirées d'une convention de l'UMP qui se tiendra le 5 avril sur la laïcité et la place des religions, indique Le Figaro jeudi.
Selon le quotidien, le président a reçu mercredi les députés UMP à l'Elysée et a dénoncé "un décalage croissant entre les médias et les préoccupations des Français" sur les questions de l'islam et de la laïcité. L’Elysée a surtout observé la réaction des téléspectateurs sur ce sujet lors des dernières interventions télévisées du chef de l’Etat.
Préparer un corpus idéologique
"Les racistes d'hier sont devenus les populistes d'aujourd'hui. Notre formation politique, puis le Parlement doivent s'occuper de ces sujets", a-t-il déclaré mercredi aux députés UMP. "Quelles sont les limites que nous mettons à l'islam?", s'est-il interrogé devant ses hôtes. "Il n'est pas question d'avoir une société française qui subirait un islam en France. Nous sommes une société laïque", a-t-il poursuivi.
"Dans un pays laïc, il ne doit pas y avoir d'appels à la prière. Il faut aboutir à un corpus idéologique sur la place des religions en 2011", a encore déclaré le président selon Le Figaro. Nicolas Sarkozy a validé lundi la tenue d'une convention sur ce sujet, après avoir répété à la télévision jeudi dernier qu'il voulait "un islam de France", et non "un islam en France". Selon un participant anonyme à la réunion cité par le quotidien, "l'islam sera un sujet phare de la présidentielle".
"Sur un certain nombre de valeurs, il faut être ferme, je dirais même dur. (...) Et c'est parce qu'on aura réaffirmé la force et la puissance de ces valeurs qu'on pourra être plus ouvert sur certains sujets", a argumenté Benoist Apparu, jeudi midi sur Europe 1. Le secrétaire d'Etat au logement fait notamment référence à la loi sur les cultes de 1905.
Benoist Apparu veut permettre un financement par l'Etat des lieux de culte :
CFCM redoute que le débat "dérape"
Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), a jugé jeudi "louable" de se pencher sur l'exercice des cultes en France mais redoute que le débat ne "dérape" sur une mise en cause de l'islam, comme celui sur l'identité nationale.
"Regarder la place des religions dans la République est un souhait louable, a dit Mohammed Moussaoui, et il est vrai que l'islam a des spécificités, qu'il faut se pencher sur la construction de mosquées et la formation des imams". Nous, CFCM, nous sommes partisans d'un islam de France qui respecte les lois de la République, dont la liberté de culte, et pour cela nous avons besoin du soutien de l'Etat, a-t-il ajouté en substance. "Mais au-delà de ces spécificités, nous ne voulons pas que le débat se focalise sur le port du voile intégral ou les menus halal dans les cantines, il faut avancer, particulièrement à propos des lieux de culte", a-t-il assuré.