LA PHRASE : Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls était l’invité du Grand Rendez-Vous d’Europe 1 dimanche matin. Interrogé sur la future réforme pénale, il a rappelé que la France est en retard en matière de places de prison. Et il en veut pour preuve que le taux d’incarcération dans l’hexagone est particulièrement faible quand on le compare à celui de la Grande-Bretagne ou de l’Espagne.
>> Dans sa chronique, Laurent Guimier revient sur cette déclaration :
Les chiffres sont clairs. D’après un document de l'Administration Pénitentiaire, 67.683 personnes se trouvaient en prison en France le 1er août dernier. Or, le taux d’incarcération dont parle Manuel Valls, c’est la proportion d’habitants d’un pays qui sont en prison. Si on rapporte le nombre de détenus au nombre d’habitants dans l’hexagone, on obtient le chiffre de 111 prisonniers pour 100.000 habitants.
La même opération permet de dire qu’il y a 152 détenus pour 100.000 habitants en Angleterre. En Espagne, l’écart avec la France est encore plus flagrant puisqu’on y trouve 158 détenus pour 100.000 habitants. Manuel Valls a donc raison de dire qu’en France, on est moins enclins à mettre des prisonniers derrière les barreaux. Une comparaison rapide avec nos voisins montre qu’ils sont plus répressifs que nous.
Et dans le reste de l’Union européenne ? La même tendance se confirme. Le Conseil de l’Europe, qui regroupe les 47 pays du Continent, a fait une étude sur la question. Et le verdict est sans appel : la France est très en-dessous de la moyenne européenne. Les statistiques pénales annuelles montrent que les pays d’Europe de l’Est emprisonnent beaucoup et ont aussi beaucoup de prisons.
En creux, Manuel Valls soulève le problème de la surpopulation carcérale. Et une fois encore, la France est mal classée. Dans l’hexagone, on compte 113 détenus pour 100 places. Pour ne reprendre que les deux exemples cités par le ministre, l’Angleterre et l’Espagne font beaucoup mieux avec respectivement 96 détenus et 91 détenus pour 100 places. La semaine dernière, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a annoncé la construction de 6.500 places en trois ans. A la fin du quinquennat, il n’y aura donc toujours pas assez de places de prison pour donner un lit à chaque détenu. Sauf si le nombre de détenus diminue.