François Hollande est arrivé lundi à la mi-journée en Turquie. Ankara s'apprête à dérouler le tapis rouge pour cette visite d'Etat de deux jours, sans précédent pour un président français depuis celle de François Mitterrand en 1992. Entre crise intérieure turque et processus d'adhésion à l'Union européenne qui patine, les dossiers sensibles ne manquent pas.
>>> Que pense François Hollande de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne ? Éléments de réponse.
Ce qu'il disait en 2004. "La conviction de François Hollande sur le sujet, c'est de ne surtout pas en avoir", résume David Doukhan, journaliste en charge de l'Elysée à Europe 1. En 2004, alors qu'il était premier secrétaire du PS, c'est du bout des lèvres qu'il s'était déclaré favorable au principe de l'entrée de la Turquie dans l'Europe … "à condition que les critères d'adhésion soient respectés ", citant notamment "la question des droits de l'homme et la reconnaissance du génocide arménien".
En 2012, une pirouette habile. En avril 2012, en pleine campagne présidentielle, le candidat socialiste avait botté en touche sur le sujet. "Aujourd'hui, il y a un processus de négociation qui est en cours depuis d'ailleurs des années" mais "aucune condition majeure n'est réunie, et donc, dans le prochain quinquennat, il n'y aura pas d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne", avait indiqué François Hollande, lors de l'émission Des paroles et des actes.
En 2014, l'art de la diplomatie économique ... Contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy qui s'était présenté ouvertement contre l'entrée de la Turquie au sein de l'UE, François Hollande ne veut pas fermer la porte à la Turquie. Conséquence du refroidissement des relations sous l'ère Sarkozy, la part de marché française en Turquie a chuté de 6 à 3% entre 2009 et 2012 alors que cette puissance émergente a vu son PIB par habitant tripler entre 2002 et 2012. Paris entend donc se livrer à "un travail de rattrapage". En témoigne la présence dans la délégation de François Hollande de sept ministres, parmi lesquels Laurent Fabius (Affaires étrangères), Arnaud Montebourg (Redressement productif) ou Jean-Yves Le Drian (Défense), et d'une quarantaine de responsables économiques et d'entreprises.
... et l'art de la prudence. Comme souvent, François Hollande veut se laisser toute latitude, sans s'embarrasser de grandes déclarations de principe. "Sur cette question, il a toujours été extrêmement prudent et il évitera par tous les moyens de se prononcer de manière tranchée", assure l'un de ses plus anciens amis à Europe 1.
>>> Du côté de la Turquie, on attend un encouragement implicite de François Hollande.
"On attend que le président Hollande fasse passer des messages subliminaux mais que tout le monde comprendra sur le thème : "il est nécessaire que la Turquie rebondisse. Il est nécessaire que les négociations sur l’adhésion de la Turquie se dotent d’une véritable dynamique", estime Didier Billion, chercheur à l’Iris et spécialiste de la Turquie, contacté par Europe1.fr.