Annoncée depuis la nomination du nouveau gouvernement, la valse des postes dans la police a commencé. Mardi, Manuel Valls a signifié au préfet de police de Paris, Michel Gaudin, ex-super flic de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, son départ de la Préfecture.
"Ce départ devrait être officialisé mercredi en Conseil des ministres", a précisé une source proche du gouvernement.
Michel Gaudin a été nommé préfet de police de Paris en mai 2007 après avoir occupé le poste de directeur général de la police nationale. En décembre, il avait été entendu par la justice comme témoin assisté, dans une enquête visant la "police des polices" parisienne, soupçonnée d'avoir truqué une procédure pour impliquer trois hauts fonctionnaires réputés proches de la gauche, également en 2007.
Qui pour le remplacer ?
A 63 ans, celui qui n'a jamais caché sa proximité avec Nicolas Sarkozy, pourra partir à la retraite dans à peine un an. Son départ était donc moins attendu que celui de Frédéric Péchenard et Bernard Squarcini, respectivement directeur général de la Police nationale et du directeur central du Renseignement intérieur. Eux aussi devraient faire les frais de leur proximité avec Nicolas Sarkozy.
Son limogeage est d'autant plus surprenant que Manuel Valls avait pris soin de recruter un de ses proches, Renaud Vedel, désormais directeur adjoint de cabinet au ministère de l'Intérieur.
Parmi les successeurs potentiels du préfet de police, le nom de l'actuel directeur de l'ENA, le préfet Bernard Boucault, ancien directeur de cabinet de l'ex-ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant, est avancé par plusieurs sources.
Pas de "chasse aux sorcières" ?
Après ces annonces, plusieurs voix à droite ont dénoncé un "début de chasse aux sorcières", expression qu'avait récemment employée l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Eric Raoult a expliqué "s'interroger et dénoncer le sectarisme du gouvernement Hollande qui s'apparente à une véritable chasse aux sorcières". Ainsi, d'après le député-maire de Raincy, en Seine-Saint-Denis, "ce limogeage politique ne tient nullement compte des compétences de ce haut fonctionnaire qui a montré un professionnalisme et un réalisme pour lutter efficacement contre toutes les formes de délinquance en Ile-de-France".
Pour sa défense, le ministre de l'Intérieur a expliqué lors d'un déplacement à Madrid que sa "conception, ce n'est pas de faire tomber des têtes, c'est de faire en sorte, comme le souhaite le président de la République, qu'il y ait des équipes qui soient aujourd'hui capables de mettre en oeuvre les orientations du gouvernement". "Il n'y aura jamais de chasse aux sorcières, il y aura un profond respect des institutions", a ajouté Manuel Valls.
"Ce n'est pas une valse considérable", a insisté à son tour François Hollande sur France 2. "Je l'avais annoncé, il y avait des hauts fonctionnaires de qualité, très proches de mon prédécesseur, dans un domaine qui est essentiel, la police, la sécurité", s'est justifié le président de la République. "Ils seront tous mis devant d'autres responsabilités, c'est-à-dire qu'il y aura un reclassement de ces hauts fonctionnaires, non pas par des proches, non pas par des intimes, non pas par des obligés, mais par des hauts fonctionnaires de qualité", a-t-il confirmé.