L’INFO. C'est "l'autre" campagne du moment, celle qui ne dit pas son nom. La bataille pour la présidence du Sénat, qui devrait échoir à la droite en septembre prochain, est bel et bien lancée. Et selon Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1, deux noms se détachent déjà.
Larcher déjà dans la course. Les ordinateurs du sénat ont tourné : il y a entre 5 et 10 voix d’avance pour la droite. L’heure est donc déjà venue de lancer les grandes manœuvres. Le premier des candidats à s’être positionné pour la succession du socialiste Jean-Pierre Bel, c’est Gérard Larcher, qui a déjà présidé la chambre haute de 2008 à 2011. "Je n’ai pas attendu le résultat des municipales pour me lancer", assure-t-il. Un tacle implicite à son rival encore non déclaré, Jean-Pierre Raffarin, qui, lui, a décidé d’attendre le verdict des élections européennes pour se déclarer.
Raffarin a appris de ses erreurs. Les deux hommes se sont déjà affrontés pour le poste. C’était en 2008 et Jean-Pierre Raffarin avait été battu à plat de couture. Il a retenu les leçons de cet échec cuisant. "J’avais fait une campagne pour le Sénat. Cette fois, je fais une campagne pour les sénateurs", décrypte-t-il. L’un de ses soutiens, très confiant, assure que le jeu est ouvert. "C’est un tiers pour Larcher, un tiers pour Raffarin et un tiers à convaincre". Gérard Larcher est, lui aussi, optimiste : "j’ai fait mes calculs. Je suis très serein, ce n’est pas une élection qui se gagne avec de l’agitation médiatique". La décision pourrait se faire avec les voix des centristes, qui sont donc l’objet de toutes les attentions.
Il faut sauver le Sénat ! Le deuxième personnage de l’Etat n’aura pourtant pas réellement de pouvoir de blocage, puisque le mot de la fin dans le processus législatif revient toujours à l’Assemblée nationale. Mais les deux hommes savent que, symboliquement, le président du Sénat pourrait devenir l’opposant principal à François Hollande. Donc un homme important à droite. "Il a les galons pour se dresser face à des institutions à gauche", se pousse du col un proche de Raffarin.
Les sénateurs, eux, sont plus prosaïques. Alors que Mattéo Renzi vient de supprimer le Sénat en Italie, et que le gouvernement annonce vouloir faire des économies sur tout, ils s’inquiéteraient presque de leur avenir : "nous voulons un président qui sauve le Sénat, pour qu’il ne devienne pas le conseil économique et social", confie l’un d’entre eux. Le prochain président sait donc ce qu’il devra faire en arrivant : réformer l’institution et prouver aux Français qu’elle a encore un intérêt.
INTERVIEW E1 - Réforme territoriale : "un débat au Sénat avant l’été"