L'INFO. Jeudi, à 10h02, une dépêche urgente de l’AFP tombe dans les rédactions. Une courte phrase de François Fillon, prononcée depuis Tokyo : "je serai candidat quoi qu'il arrive" à la présidentielle de 2017, écrit l'agence. Une déclaration qui laisse donc entendre que l’ancien Premier ministre pourrait passer outre la primaire à l’UMP, qui se tiendra en 2016.
Problème : à l’écoute de la vidéo, diffusée dans la foulée par BFMTV, il est très compliqué d’assurer que le Premier ministre prononce bien la date de 2017. Les mots "candidat" et "quoiqu'il arrive" sont eux-mêmes difficilement audibles :
La rectification de Fillon. Toujours depuis le pays du Soleil levant, l’ancien Premier ministre prend conscience de la portée de sa déclaration. Et publie donc un tweet une heure après, à 11h13, pour éclaircir ses propos :
Rien de nouveau dans mes propos de Tokyo : c'est aux primaires de 2016 actées par l'UMP que j'ai renouvellé mon intention d'être candidat— François Fillon (@FrancoisFillon) 9 mai 2013
Quelques minutes après cette mise au point, Jérôme Chartier, son fidèle bras droit, assure le service après-vente sur BFMTV : "bien évidemment, c'est de la primaire dont il s'agit. Il nous annonce sa détermination de se présenter, d'être sur le chemin de sa candidature à la primaire de la droite et du centre pour l'élection présidentielle." "Celles et ceux qui laissent entendre depuis plusieurs semaines que François Fillon était homme à ne pas savoir ce qu'il voulait en seront pour leurs frais", assène-t-il.
L'AFP maintient sa version. Jacques Lhuillery, correspondant de l’AFP au Japon, faisait partie des quelques journalistes à qui François Fillon s’est confié. "On l’a rencontré dans un hôtel, et à la fin de l’entretien (…) il nous dit ‘bien évidemment je serais candidat en 2017.’ On ne lui a pas demandé : 'que ferez-vous si Sarkozy revenait ?’ C’était plus entre les lignes", explique-t-il sur BFMTV. Puis le journaliste assure que, contrairement à ce que l’ancien Premier ministre a écrit sur Twitter, "on a tous compris que son ambition n’était pas la primaire, mais la présidentielle. Ce n’était pas l’appel de Cochin, mais c’était extrêmement clair qu’il ne pensait pas à une élection intermédiaire."
Un message caché. Derrière la confusion, ou le lapsus, ses proches relaient un même message : François Fillon affiche sa "détermination totale, c'est son état d'esprit en ce moment". "On sent qu'il pousse les feux" reconnaît un conseiller auprès d’Europe 1. Le député de Paris veut faire taire ceux qui critiquent ses hésitations ou son ambigüité. Et adresser un message à ses deux principaux rivaux dans la bataille de 2017.
A Jean-François Copé, il veut signifier qu'il ne va pas se laisser faire. Au moment où il est en passe d’abandonner la présidence du parti, c'est une manière de lui dire :" on se retrouvera". L'autre cible, c'est évidemment Nicolas Sarkozy. Au pays du Soleil levant, l’ancien Premier ministre tacle l'ancien président : "moi, je suis engagé dans la vie politique, ce n'est pas son cas". Une référence à peine voilée à la nouvelle vie de conférencier de Nicolas Sarkozy. Bref, François Fillon passe à l'offensive.