L’UMP n’a pas encore eu le temps de digérer la défaite à la présidentielle qu’elle doit déjà se tourner vers les élections législatives. Alors pour galvaniser leurs troupes, les leaders de l’UMP ont fixé un objectif pour ce qu’ils appellent le "troisième tour" : provoquer la quatrième cohabitation de l’histoire de la 5e République. Dés lundi, Valérie Pécresse, futur ex-ministre du Budget, a revendiqué "un état d'esprit extrêmement combatif", et dit "reporter tout son espoir sur les législatives". Mais les chances d’une victoire semblent, en l’état actuel des choses, bien minces pour le grand parti de la droite.
Pour commencer, les sondages sont plutôt favorables à la gauche. Dans une enquête Ifop pour Europe 1 publiée dimanche soir, la gauche (PS, Front de Gauche et Europe-Ecologie-Les Verts) obtiendrait ainsi 44% des voix au premier tour des législatives, contre 32% seulement à la droite (UMP et divers-droite). "On constate surtout un très net reflux des intentions de vote en faveur des candidats UMP et divers gauche, puisque la droite parlementaire recule de 12 ou 13 points", analyse pour Europe 1 Frédéric Dabi, directeur général adjoint de BVA. " Dans ce cadre-là, la défaite à l’élection présidentielle va largement peser sur l’issue des élections législatives", estime-t-il.
Un FN à un haut niveau
Et puis il y a le Front national. Crédité de 18% d’intentions de vote dans le même sondage, le parti de Marine Le Pen entend bien jouer les trouble-fêtes lors du scrutin. D’abord pour obtenir, pour la première fois depuis 1986, des élus à l’Assemblée nationale. "Le FN qui obtiendrait 18% des voix, c’est une vraie surprise parce que traditionnellement, le FN obtient entre un tiers et 50% de moins entre son score présidentiel et son score législatif. Là, 18%, c’est le score qu’a obtenu Marine Le Pen à la présidentielle", rappelle Frédéric Dabi.
Et un Front national à un haut niveau, "ça veut dire un Front national qui gêne l’UMP dans la perspective du second tour, avec sans doute beaucoup de triangulaires", pronostique le directeur général de BVA. Et le parti de Marine Le Pen, qui espère provoquer l’implosion de l’UMP et se placer au centre d’une recomposition de la droite, n’entend dans cette optique, faire aucun cadeau à l’UMP. A plusieurs reprises, les dirigeants frontistes ont prévenu qu’aucun de leur candidat qualifié pour le second tour ne se désisterait.
En outre, le Front national a ciblé des personnalités du parti de Nicolas Sarkozy. Bruno Gollnisch a confirmé mardi l'existence d'une "liste noire de personnalités qui ont déclaré explicitement qu'elles préféraient un candidat socialo-communiste au Front National". L’ex-numéro 2 du FN a cité en premier "Nathalie Kosciusko-Morizet, qui va être servie", mais aussi Chantal Jouanno, Claude Guéant et Jean-François Copé. La tâche de la droite ne s’en trouve que plus compliquée.