Le "miracle républicain" n'a pas eu lieu. Dominique de Villepin ne sera pas candidat à l'élection présidentielle. Jeudi soir, sur France 2, l'ancien Premier ministre avait précisé qu'il lui manquait "une trentaine" de parrainages sur les 500 requis pour être officiellement candidat. Vendredi soir, il a confirmé qu'il ne les avait pas eus et qu'il n'était donc pas candidat. Mais le voulait-il vraiment ?
Pour expliquer cet échec à concourir, le fondateur de République solidaire est parti d'un constat, "un paradoxe de la République", selon lui. "Il est sans doute plus facile pour un candidat fantaisiste ou extrémiste de réunir les 500 parrainages, c'est sans doute moins de risques pour certains maires que de donner leurs parrainages à un ancien Premier ministre", a-t-il estimé, jeudi soir,au JT de France 2.
"Difficile de se frayer un chemin..."
L'ancien secrétaire général de l'Elysée s'est aussi exonéré de toute responsabilité soulignant qu'il n'avait pas sa place "dans une République des partis". "Les maires sont pris dans des réseaux de solidarité, des intercommunalités, des réseaux partisans, c'est la République des partis qui choisit les candidats. Il est donc particulièrement difficile pour un candidat qui a l'expérience qui est la mienne de se frayer un chemin au milieu des grands partis", a justifié l'ancien Premier ministre.
Ses derniers lieutenants laissent entendre que l'UMP et le PS ont fait pression sur les maires pour que leur candidat ne puisse pas se présenter. "Des consignes ont été données, tout est verrouillé, Nous n'avons pas un seul UMP ni un seul élu PS parmi les signataires", a assuré au Parisien Brigitte Girardin, l'ex-secrétaire générale de République solidaire. "On ne souhaitait pas qu'il soit candidat à la présidentielle", renchérit le président de République Solidaire et député de l'Hérault, Jean-Pierre Grand, interrogé par Europe1.fr.
"Villepin n'a pas mis les mains dans le cambouis"
Chez Dominique de Villepin comme dans son entourage, l'heure n'est pas à la remise en question. Pourtant, de l'avis de plusieurs observateurs, l'ancien Premier ministre a mené une campagne a minima. "Dominique de Villepin est parti la fleur au fusil, avec une organisation qui ressemblait plus à une escouade qu'à la Grande Armée de Napoléon. Il est apparu comme un homme qui avait certainement envie d'être élu, mais pas d'être candidat", analysait, vendredi, le rédacteur en chef du "Point", Hervé Gattegno, dans sa chronique matinale sur RMC. Une analyse partagée par Stéphane Rozès, fondateur de l’agence CAP, interrogé par Europe1.fr : "un prétendant à l'Elysée doit mettre les mains dans le cambouis, ce que Dominique de Villepin n'a jamais fait", estime le politologue. "Il a eu une conception aristocratique de son rôle de candidat".
En juin 2010, pour donner une assise à ses ambitions, Dominique de Villepin s'était engagé en lançant devant plus de 3.000 sympathisants son mouvement politique, "République solidaire". Avant d'être lâché au fil des mois par la plupart de ses soutiens parlementaires. Le 11 décembre, il avait surpris, même dans son entourage, en annonçant sa candidature à la présidentielle. L'ancien Premier ministre était alors parti dans une offensive médiatique... sans s'occuper du terrain.
Pas de moyens, pas de meetings
En l'espace de quatre mois, Dominique de Villepin n'a effectué qu'une vingtaine de déplacements en France. A titre de comparaison, le candidat souverainiste à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, qui a déposé 708 signatures au Conseil constitutionnel, avait fait valoir, mercredi, ses 85 déplacements en province. L'ancien Premier ministre n'a pas non plus organisé un seul meeting entre janvier et mars. "Pour une question de moyens", certifie le président de République Solidaire, Jean-Pierre Grand.
Aujourd'hui, Dominique de Villepin n'a jamais été autant courtisé. A l'UMP comme au MoDem, on espère obtenir son ralliement. "Le ralliement ne fait pas partie de mon tempérament", a pourtant prévenu l'ancien Premier ministre, jeudi soir, sur France 2.