Après des échanges tendus sur les Roms durant l’été (lire ici), la bronca sur le traité budgétaire de la semaine dernière (en savoir plus là), voici que les déclarations de dimanche d’Arnaud Montebourg sur "le nucléaire, filière d’avenir" viennent jeter un froid dans les relations entre Parti socialiste et son partenaire Europe Ecologie - Les Verts.
Par une petite phrase lancée sur BFMTV -"Pour ma part, je considère que le nucléaire est une filière d'avenir"- Arnaud Montebourg a, en effet, fait renaître, dimanche soir, les craintes et les colères des "écolos".
"Une provocation"
Le ministre du Redressement productif n'a pourtant pas dévié de la ligne tracée par François Hollande : durant la campagne le candidat socialiste à l'Elysée évoquait explicitement dans ses 60 engagements la poursuite "de la modernisation de notre industrie nucléaire" ainsi que le maintien "de l'indépendance de la France tout en diversifiant nos sources d'énergie". Mais la formulation du ministre socialiste, déjà dans le viseur des écologistes qui le soupçonnent de s'intéresser aux honnis gaz de schiste, a heurté à EELV. C’est une "provocation", a ainsi pesté Noël Mamère sur Europe 1.
Le député-maire de Bègles n’est pas le seul à s’indigner. Depuis dimanche soir, les militants, la base du parti, font également part de leur mécontentement et brocardent allégrement le ministre du Redressement productif sur Twitter. (A lire sur Le Lab)
Lance#Armstrong est un cycliste d'avenir#MontebourgStyle— Alexis Braud (@AlexisBraud) August 26, 2012
Le Minitel est une filière d'avenir#montebourgstyle— Karine Gavand (@karinegavand) August 26, 2012
Les écolos ont-ils perdu leur âme ?
Et le ras-le-bol ne date pas dimanche. Pour rappel, début août, EELV avait déjà fustigé les démantèlements de campements de Roms, qui selon eux, "contredisaient brutalement une des promesses" du président Hollande, qui s'était engagé durant la campagne "à ne pas expulser de familles Roms". Quelques semaines plus tard, Jean-Vincent Placé, président du groupe EELV au Sénat et d’autres écologistes, se disaient partisans d'un "non fédéraliste" au traité européen qui prévoit la "règle d'or" budgétaire. Un traité désormais soutenu par le gouvernement.
Alors, certes, "le but d'un parti politique est d'avoir des élus" mais "en tant qu’écologistes, il ne faut pas que nous perdions notre âme", met en garde l’ancien ministre du gouvernement Jospin, Yves Cochet.
Les écolos "tenus à la solidarité gouvernementale"
EELV a-t-elle perdu son âme ? Les deux ministres du parti restent plutôt silencieux sur la question. Cécile Duflot a d’ailleurs reconnu, la semaine dernière, lors des Journées d’été, qu'elle portait désormais "une muselière" qui lui permet cependant "de l'ouvrir". "Un petit peu".
La marge de manœuvre est serrée pour les écologistes. "Leur autonomie vis-à-vis du PS est faible. En tant que membre de l’exécutif, ils sont clairement tenus à la solidarité gouvernementale", explique à Europe1.fr le politologue Stéphane Rozès.
"Pour leur base, le seul discours qu’ils peuvent tenir est de dire que le travail d’influence est un travail de longue haleine. Que cela prend du temps. Qu’ils ont obtenu des postes et qu’il y a une contrepartie", ajoute le président de l’agence CAP.
Cela suffira-t-il ? Peut-être pas. Dimanche soir, le numéro un d’EELV, Pascal Durand indiquait que son parti entendait débattre "en toute liberté" et invoquait le nécessaire "respect des partenaires". A bon entendeur…