"A l’écoute des diplomates, bien des erreurs auraient pu être évitées". C’est le message que tentent de faire passer à Nicolas Sarkozy un groupe de diplomates français, anonymes, qui ont écrit une tribune dans Le Monde, daté de mercredi. Le collectif, qui a choisi de répondre au nom de "Marly", regroupe des hommes en activité et d’autres à la retraite, de générations différentes et de sensibilités politiques variées. Mais tous critiquent vivement la politique extérieure de la France depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir.
La présidence de la République incriminée
La raison ? "Ils récusent le procès qui leur est fait". Car, expliquent-ils, "il est clair que le président n’apprécie guère les administrations de l’Etat qu’il accable d’un mépris ostensible et qu’il cherche à rendre responsables des déboires de sa politique".
En pleine crise nord-africaine, le collectif "Marly" indique que "la politique suivie à l’égard de la Tunisie ou de l’Egypte a été définie à la présidence de la République sans tenir compte des analyses de nos ambassades". Et de préciser : "c’est elle qui a choisi Messieurs Ben Ali et Moubarak comme ‘piliers sud de la Méditerranée’". Un avis très critique, alors que Michèle Alliot-Marie a été montrée du doigt pour avoir soutenu les régimes autoritaires des deux hommes.
Toute la politique extérieure est visée
Les diplomates français blâment la politique sarkozienne sur tous les sujets. "Nos avions Rafale et notre industrie nucléaire, loin des triomphes annoncés, restent sur l’étagère", déplorent-ils. Et, de plus, "l’Europe est impuissante, l’Afrique nous échappe, la Méditerranée nous boude, la Chine nous a domptés et Washington nous ignore", constatent-ils. Ils assurent aussi que "notre politique au Moyen-Orient est devenue illisible, s’enferre dans des impasses et renforce les cartes de la Syrie".
Pire. Ils estiment que "notre politique étrangère est placée sous le signe de l’improvisation et d’impulsions successives, qui s’expliquent souvent par des considérations de politique intérieure".
Ils souhaitent "une politique réfléchie et stable"
Face à ce constat, le collectif estime qu’"il n’est que temps de réagir". Et pour cela, disent-ils, "nous devons retrouver une politique étrangère fondée sur la cohérence, l’efficacité et la discrétion".
"Les diplomates français n’ont qu’un souhait : être au service d’une politique réfléchie et stable" et qui aborde "des questions essentielles telles que le contenu et les frontières de l’Europe de demain, la politique à l’égard d’un monde arabe en révolte, nos objectifs en Afghanistan, notre politique africaine, notre type de partenariat avec la Russie". Dans le but, concluent-ils, d’"apporter, en toute loyauté, toute leur expertise".