Après le mauvais score aux régionales de la majorité, Nicolas Sarkozy, qui exclut tout changement de stratégie, est en butte à des critiques au sein de son propre camp, susceptibles de s'amplifier en cas de confirmation de l'échec le 21 mars.
La charge a été lancée par Rachida Dati. "Il faut qu'on reprenne nos fondamentaux", a prévenu dimanche l'ancienne garde des Sceaux.
Chez les députés qui ne font pas partie du premier cercle, le mécontentement, à deux ans des élections présidentielle et législatives, est encore plus perceptible. "Il est indéniable qu'une partie de l'électorat de la majorité, en n'allant pas voter, a exprimé son mécontentement" face à certaines "décisions gouvernementales très mal perçues", s'est alarmé l'élu UMP souverainiste des Yvelines, Jacques Myard.
Grogne chez les députés
Même son de cloche chez le député UMP de l'Hérault, Jacques Domergue, qui a estimé lundi que l'ouverture à gauche et le "style" de gouvernance de Nicolas Sarkozy ne passent pas dans l'électorat de droite, qui l'a manifesté dimanche en se détournant de l'UMP ou en s'abstenant. "Contrairement à ce qu'a dit le Premier ministre, l'abstention a une forte signification nationale", a-t-il encore estimé, n’hésitant pas à tacler François Fillon.
"Il faut tout mettre sur la table. Plus globalement, il y a une interrogation sur la manière de gérer les affaires", a ajouté, pour sa part, Philippe Dallier, sénateur apparenté UMP de Seine-Saint-Denis.
Ladislas Poniatowski, sénateur UMP de l'Eure, a également estimé mardi que la majorité devait "s'interroger" sur son mauvais score. "On sait qu'il y a eu beaucoup plus d'abstentionnistes à droite qu'à gauche, ça veut dire qu'il y a eu plus d'électeurs de droite qui ne sont pas venus voter", a-t-il analysé. Si "le FN résiste, ça veut dire qu'une partie de nos électeurs sont repartis vers eux", a-t-il poursuivi.
Mécontentement des alliés de l’UMP
Enfin, les réserves viennent aussi des alliés de l'UMP. L'ancienne ministre chrétienne-démocrate Christine Boutin réclame un retour aux "valeurs de la droite décomplexée", colonne vertébrale de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, citant "la liquidation de Mai 68".
La réponse du Premier ministre
"Ceux qui choisissent l'entre-deux-tours pour formuler des critiques sur l'action du gouvernement de leur formation politique, ce ne sont pas des caractères bien trempés", a lancé mardi François Fillon répondant aux critiques de sa majorité, après une réunion du comité de la majorité. "Entre les deux tours, nous sommes engagés ensemble dans un combat et tous ceux qui veulent, par des critiques qui sont des critiques inutiles, affaiblir la majorité, commettent une faute contre cette majorité. Et moi, je ne m'y prêterai pas", a poursuivi le chef du gouvernement.