FACT-CHECKING – D’après Bernard Cazeneuve, les impôts ont baissé sous Mitterrand après avoir augmenté sous Giscard. Vrai ou faux ?
LA PHRASE – Le ministre délégué au Budget Bernard Cazeneuve était au micro de Jean-Pierre Elkkabach sur Europe 1 jeudi matin. En pleine préparation du budget 2014, il a tenu à rassurer les Français : les impôts n’augmenteront pas en 2014. Mais pas d’augmentation, cela signifie aussi une pression fiscale toujours aussi forte pour les contribuables. Jean-Pierre Elkabbach a donc demandé au ministre s’il était « possible qu’un gouvernement socialiste baisse un jour les impôts ». La réponse de Bernard Cazeneuve ne s’est pas faite attendre. Selon lui, la gauche l’a déjà fait sous la présidence de François Mitterrand. Et le ministre en a profité pour rappeler que sous Valéry Giscard d’Estaing, les prélèvements avaient, au contraire, explosé.
>> Dans sa chronique, Laurent Guimier revient sur cette déclaration :
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Ce que dit l’INSEE. Depuis 1970, l’institut compile le niveau des prélèvements obligatoires année par année. Les prélèvements obligatoires, c’est l’addition des impôts qui sont versés à l’Etat, des impôts locaux et des cotisations sociales obligatoires.
Dans le détail, on s’aperçoit qu’ils ont beaucoup augmenté sous la présidence Giscard. Quand il entre à l’Elysée en 1974, le taux de prélèvements obligatoires est de 34,2%. C’est-à-dire que plus d’un tiers de la richesse produite en France était prélevée. En 1981, ce taux grimpe à 40,4%. Bernard Cazeneuve dit donc vrai quand il affirme que la pression fiscale a augmenté sous Giscard.
Mais la base de donnée révèle autre chose : sous François Mitterrand, les impôts augmentent aussi ! Alors qu’ils s’élèvent à 40,4% en 1981, ils culminent à 41,9% en 1988. C’est un record absolu. Et sept ans plus tard, à la fin de son deuxième septennat, Mitterrand et les socialistes laissent la place avec une pression fiscale encore plus forte: 42,7% de prélèvements obligatoires.
En réalité, les impôts n’ont baissé qu’une seule fois sous la gauche. C’était en 1997 à l’époque de la cohabitation entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Grâce à une embellie sur le front économique, les prélèvements obligatoires baissent entre 1997 et 2002. Ce qui n’empêchera pas Lionel Jospin d’être éliminé au premier tour de la présidentielle.