REACTIONS - L’opposition parle d’une victoire "historique", la majorité d’un résultat "prévisible ".
Au soir de la quatrième défaite électorale consécutive de la droite, la gauche a du mal à cacher son contentement. D’autant que dimanche soir, le Parti socialiste et ses alliés se sont offerts une victoire historique, en s’octroyant le Sénat pour la première fois sous la 5e République. Du côté des perdants, on tente de relativiser un revers consécutif aux trois précédents, les municipales en 2008, les régionales en 2010 et les cantonales en 2011.
"Une lourde sanction pour l’UMP"
A gauche, donc, le triomphalisme est de mise. "La citadelle de la droite est tombée", exulte le leader du PCF, Pierre Laurent, par ailleurs battu à Paris. "C'est une sanction sans appel de la politique gouvernementale". Eva Joly abonde : "ce soir, la Ve République vit un tournant historique", estime la candidate écologiste dans un communiqué. "Les grands électeurs de toute la France ont choisi de mettre fin à 'l'anomalie démocratique'.", écrit-elle en référence à l’expression de Lionel Jospin, du temps où il était Premier ministre, pour qualifier le Sénat.
Du côté du Parti socialiste, on n’oublie pas 2012. "Ce scrutin est une répétition générale avant la bataille de 2012. Il constitue le premier acte de la reconquête pour la gauche", a affirmé Harlem Désir, premier secrétaire par interim du PS. "Ce basculement est aussi une lourde sanction pour l'UMP et le gouvernement, un rejet massif de sa politique d'étouffoir contre les territoires et les collectivités locales".
Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a affirmé lundi que la défaite de la droite aux sénatoriales était "un avertissement sérieux" pour la majorité, a lancé sur Radio Classique le ministre UMP, chargé du programme de ce parti pour 2012.
"La logique arithmétique des élections locales"
Et le Parti socialiste n’oublie pas de taper volontiers sur Nicolas Sarkozy. "C'est un échec pour le président de la République. L'UMP recule partout", s’est ainsi réjouie Martine Aubry depuis le Sénat. François Hollande son principal rival à la primaire socialiste, avait lui aussi fait le déplacement. "C’est plus qu’une défaite pour Nicolas Sarkozy", a-t-il lancé. "C’est un traumatisme au sein de sa majorité présidentielle, au sein de son gouvernement. Et c’est Nicolas Sarkozy qui aura été le seul président de droite à perdre la majorité au Sénat. Il avait dit que tout était possible lors de son mandat, il aura réussi. La majorité de gauche au Sénat, c’était possible", a-t-il ironisé.
Côté UMP, le communiqué émanant de l’Elysée résume l’une des deux lignes de défense censées expliquer la défaite. La présidence de la République "prend acte des résultats du scrutin sénatorial qui est la conséquence de la progression de la gauche aux élections locales" depuis 2004, écrit-elle. Valérie Pécresse en a donné une autre version. "C'est la logique arithmétique des élections locales qui a joué, qui a fait basculer le Sénat, mais ça n'est en rien un point de blocage politique pour le gouvernement puisque dans la logique institutionnelle de la Ve République, c'est l'assemblée qui a le dernier mot", a rappelé la porte-parole du gouvernement.
"Ce soir, la bataille commence"
Jean-François Copé a lui interpellé le camp d’en face. "Il ne faut pas se méprendre, je le dis en particulier à M. Hollande et à ceux de ses amis socialistes qui sont peut-être en train de triompher un peu vite, sur l'interprétation à donner à ce scrutin. Cela ne constitue en rien un désaveu de la politique gouvernementale ", a prévenu le secrétaire général de l’UMP. "Les vrais rendez-vous, ce sont ceux de l'année prochaine, la présidentielle et les législatives, où là, c'est la totalité des électrices et des électeurs qui seront invités à se rendre aux urnes", a ajouté le député de Seine-et-Marne.
François Fillon a également choisi de se tourner déjà vers les prochaines échéances. "L'heure est au rassemblement de tous les élus qui se reconnaissent dans les valeurs de la majorité présidentielle", écrit dans un communiqué le Premier ministre. "Devant les Français, nous devons unir nos forces, affirmer nos convictions. Le moment de vérité aura lieu au printemps prochain. Ce soir, la bataille commence, et le résultat des sénatoriales nous dit l'énergie absolue qu'il nous faudra déployer."