La grève des agents aéroportuaires s'invite sur la piste politique. Au quatrième jour du mouvement, lancé pour obtenir des négociations sur les salaires et les conditions de travail, les réactions se multiplient à droite comme à gauche pour dénoncer l'absence de service minimum. Europe1.fr fait le point sur les propositions lancées.
L'UMP veut encadrer le droit de grève
Face au durcissement du conflit, la ministre de l’Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, s'est dite favorable lundi à la proposition de loi du député UMP Eric Diard visant à encadrer le droit de grève dans le transport aérien. Un texte déjà soutenu par le ministre des Transports, Thierry Mariani.
"Ce qui me choque, et c'est la raison pour laquelle avec Thierry Mariani, on soutient beaucoup la proposition de loi du député UMP Eric Diard, c'est qu'on ne puisse pas, dans ces situations, anticiper", a fait valoir Nathalie Kosciusko-Morizet.
La proposition de loi prévoit d'imposer aux grévistes de se déclarer 48 heures à l'avance. Comme pour le transport terrestre, les entreprises seraient également dans l'obligation d'informer les passagers sur l'état prévisible du trafic 24 heures avant la grève."Ça ressemble fortement malheureusement" à une prise en otages des passagers, a dénoncé la sénatrice UMP, Chantal Jouanno."La proposition (d'encadrer le droit de grève dans l'aérien) qui est faite est une très bonne chose". "Au moins franchissons ce premier pas, il n'y a qu'en France qu'on voit ça", a conclu l'ancienne ministre des Sports.
La Droite populaire : un droit de grève "scandaleux"
Les députés UMP du collectif "La Droite populaire" ont dénoncé l'usage "scandaleux" du droit de grève dans les aéroports. Ils appellent à faire voter et appliquer "le plus vite possible" leur proposition d'encadrement du droit de grève dans les transports.
"Dans les circonstances économiques difficiles que nous traversons, une minorité d’employés, agents de sécurité des aéroports, dont les emplois ne sont nullement menacés, profite des vacances de Noël pour exploiter leur situation stratégique au détriment des travailleurs qui veulent voyager, prendre un repos légitime ou aller visiter leur famille", estiment-ils dans un communiqué.
Pour ces onze députés, "en confondant la grève avec le chantage et la prise d'otage, ils affaiblissent l'activité aéroportuaire et fragilisent l'ensemble des emplois" tout en ternissant "l'image de notre pays à l'étranger".
Dupont-Aignan veut un service minimum "renforcé"
"On ne peut pas accepter d'être pris en otage en permanence. Il n'y a pas assez de concurrence dans beaucoup de secteurs privés.", a déclaré le candidat à l'élection présidentielle et président du mouvement Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan sur Radio classique.
Mieux vaut prévenir que guérir pour Eva Joly
Une fois de plus, c'est l'Allemagne qui montre la voie. La candidate d'Europe-Ecologie les Verts à l'élection présidentielle de 2012 préconise la négociation avant de recourir à la grève.
"Il y a une chose plus urgente à faire en France : instaurer l'obligation de négocier avant d'utiliser l'arme constitutionnelle qui est la grève", a insisté Eva Joly sur I-Télé, en référence au service minimum. Cela "existe en Allemagne et en Scandinavie et cela donne de bons résultats", a-t-elle observé. "Il y a un côté absurde de commencer un conflit par la grève et négocier après".
"En France, il n'y a pas la culture de la négociation préalable. On peut l'instaurer par la loi", a-t-elle dit, comprenant "parfaitement la colère des voyageurs qui voient leurs vacances compromises".
Du service public dans les aéroports ? "Chiche !" dit Buffet
La députée PCF, Marie-George Buffet a considéré que le gouvernement, qui veut soumettre les agents de contrôle de la sûreté aéroportuaire aux contraintes liées aux missions de service public, n'a qu'à négocier pour leur donner le droit et le statut de fonctionnaires.
"Valérie Pécresse veut du service public dans la sécurité des aéroports: chiche!", lui a répondu l'élue de Seine-Saint-Denis dans un communiqué. Elle juge que la porte-parole du gouvernement "fait dans la surenchère" en déclarant que ces salariés "devraient être astreints aux contraintes liées aux missions de service public".