Une maison au loyer de 35.000 euros, sise dans l’un des quartiers les plus huppés de New York… Voilà où Dominique Strauss-Kahn va résider, sous surveillance, pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, en attendant un éventuel procès pour agression sexuelle et tentative de viol. L’ex-patron du FMI pourra préparer sa défense en profitant du spa, de la salle de cinéma ou du toit-terrasse. Et vu de France, le luxe ostentatoire du lieu a du mal à passer, notamment au Parti socialiste.
Certains camarades se sont émus de l’image véhiculée par les photos de la maison montrées maintes fois dans les médias. Le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon a ainsi convenu jeudi que le coût de cette résidence "puisse choquer des millions de Français", tout en refusant de porter un jugement plus avant. Manuel Valls est sur la même ligne. "Je comprends que cela puisse choquer des Français face à ces chiffres astronomiques", a reconnu sur BFM-TV le député-maire d’Evry, avant de tempérer : "et en même temps, disons la vérité, Dominique Strauss-Kahn a le droit de se défendre, de se concentrer, avec les siens, sa femme, ses proches, ses avocats…"
"Un choix contraint de quelqu’un qui a les moyens"
Arnaud Montebourg a lui élargi le problème d’un système américain où l’argent est roi. Le député de Saône-et-Loire a ainsi regretté "la privatisation de la peine, c'est à dire la résidence privée, la prison-privée résidentielle qui semble être une sorte d'exception. Si vous avez de l'argent vous pouvez échapper à la prison de Rikers Island, si vous n'en avez pas, tant pis pour vous. Ce système-là est condamnable", a-t-il jugé sur BFM-TV. Le candidat à la primaire socialiste a également eu, dans la même veine, une pensée pour la victime présumée. "Il est vrai que les milliers de dollars qui vont être dépensés pour tenter de décrédibiliser une femme pauvre, noire, qui travaille dur, qui s'est plaint d'un viol - ce n'est pas rien- , moi me gênent", a-t-il jugé.
Du coup, les très proches de DSK sont montés au créneau. Jean-Christophe Cambadélis a plaidé le manque de choix. "C'est un choix contraint de quelqu'un qui a les moyens, ce n'est pas lui qui a décidé d'être assigné à résidence, ce n'est pas lui qui a décidé qu'il ne pouvait pas prendre d'appartement parce que les gens ne supportaient pas le nombre de journalistes qui étaient en bas de chez lui", a déclaré le député de Paris sur Canal +. Selon lui, l'ex-patron du FMI, accusé de crime sexuel aux Etats-Unis, "a trouvé ce qu'il pouvait trouver, c'est-à-dire un endroit où personne n'aurait fait de pétition pour qu'il s'en aille".
Quand DSK tançait Gaymard
Et dès le lendemain du déménagement de Dominique Strauss-Kahn dans sa luxueuse résidence de 600 m2, certains, hors du PS, ont exhumé une vidéo datant de 2005 où l’ex-ministre socialiste tançait Hervé Gaymard, empêtré dans une polémique sur son logement de ministre de l’Economie, d’un loyer de 14.400 euros, pour une surface de … 600 m2. "Comment se fait-il que vous ne vous soyez pas rendu compte que le fait de louer un appartement qui valait dix fois le Smic par mois était quelque chose qui était inacceptable?", avait-il lancé à un Hervé Gaymard défait, avant d’enfoncer le clou : "Je ne comprends pas que vous ne vous soyez pas aperçu que payer un loyer de 14.000 euros par mois, pour un logement de fonction, ne vous ait pas choqué du tout." La différence, de taille, c’est que le logement d’Hervé Gaymard était financé par des fonds public. DSK, lui, paye son loyer sur ses derniers personnels.
DSK face à Hervé Gaymard :