Le contexte. L'ambitieux projet de loi pour la "refondation de l'école" sera détaillé mercredi, après de multiples concertations entre professionnels de l’Éducation. Le texte confirme les 60.000 embauches prévues sur l'ensemble du quinquennat, prévoit de créer des Écoles supérieures du professorat et de l’Éducation pour former les enseignants et ambitionne de mieux informer les élèves sur leur orientation dès le collège, ou encore de renforcer l'éducation artistique et culturelle. Mais il crée surtout une nouvelle matière, potentiellement inflammable : la morale laïque. En quoi va-t-elle consister ? Europe1 vous la présente en avant première.
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Pas enseignée avant 2014. Vincent Peillon veut faire de la morale laïque une matière à part entière. Elle sera donc enseignée de l'école primaire au lycée et les élèves seront évalués comme dans n'importe quelle autre discipline. Les professeurs disposeront même d'un manuel scolaire, et d'un programme précis. La Morale laïque fera, dans un premier temps, l'objet d'une formation spécifique auprès des enseignants, au sein des nouvelles écoles supérieures du professorat et de l'éducation, annoncées pour la rentrée 2013. La nouvelle matière ne devrait pas être enseignée aux élèves avant 2014.
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L'impartialité en maître mot. Ce nouvel enseignement sera un mélange de quatre matières : le Français, la philo, l'histoire-géo et les sciences naturelles. Avec un mot-clé : l'impartialité, dont le professeur devra être le garant. Il ne devra pas s'interdire d'étudier, par exemple, un passage de la Torah ou du Coran, à condition de les comparer, et même de les confronter. "Ils ne sont pas la propriété exclusive des croyants", estime-t-on en effet au ministère de l'Education. Le big bang et la reproduction sexuelle devront par ailleurs être présentés comme des faits scientifiques, échappant à toute interprétation religieuse.
Une polémique déjà entamée… Hormis les religieux radicaux qui pourraient s'indigner d'une telle liberté prise avec les textes sacrés, les cours de morale laïque ne séduisent pas non plus tous les professeurs. "Comment un cours de morale laïque pourrait ne pas se transformer en une sorte de prêche, ne pas devenir dogmatique", s'inquiète ainsi Simon Ruben, vice-président de l'association des professeurs de philosophie de l'enseignement public. Et de poursuivre : "mon rôle n'est pas de distinguer le bien et le mal. Le rôle d'un professeur c'est de donner à un élève l'accès au savoir." En septembre dernier, rappelez-vous, l'annonce de la création de la matière en avait fait déraper quelques-uns, dont Luc Chatel, ancien ministre UMP de l'Education. "Effarante interview de Peillon dans le JDD : redressement intellectuel et moral, mot pour mot l'appel du maréchal Pétain le 25 juin 1940", avait-il laissé échapper. Selon un sondage de septembre toutefois, 91% des Français sont favorables à cette initiative.
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