Les choses se précisent sur la façon dont l’Elysée a été mis au courant de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York le 14 mai dernier. La présidence de la République a été avertie dans la nuit du 14 au 15 mai, aux alentours de minuit, par un membre du groupe Accor, propriétaire du Sofitel de Manhattan qui fut le théâtre de l'affaire DSK.
La direction du Sofitel de New York avait prévenu vers 23h45, heure de Paris, le groupe Accor. Voici d’après les informations recueillies par Europe 1, comment l’information a ensuite circulé. Une annonce en trois temps.
Un appel du directeur de la sécurité du groupe Accor
C'est René-Georges Querry, le directeur de la sécurité du groupe Accor, en personne, qui a donné ce coup de téléphone à l’Elysée. L’homme est un ancien grand flic, ex-patron de la Brigade "anti-gang", des Voyages Officiels et de l'UCLAT (unité de coordination de la lutte anti-terroriste), et ex-"Monsieur Sécurité" de la Coupe du Monde 98.
Depuis 2003, il dirige la sécurité de plus de 4.000 hôtels et de 145.000 salariés du groupe Accor dans le monde. A ce titre, il entretient logiquement des relations assez étroites avec les services de renseignement français, civils et militaires.
Ange Mancini sert de relais
Conscient de l'importance de cette information et de ses répercussions, René-Georges Querry a appelé, pour l'avertir, Ange Mancini, un de ses vieux amis, ancien grand flic aussi, aujourd'hui en poste à l'Elysée.
Depuis février dernier, Ange Mancini, ancien préfet de Guyane, puis de Martinique, qui fut aussi le premier patron du Raid, occupe le poste de "Coordonnateur National du Renseignement". Ce service, rattaché à l'Elysée, est chargé de faire travailler en bonne intelligence les différents services de renseignement français.
Le directeur de cabinet du Président informé
Selon les informations d’Europe 1, dès qu'il a reçu l'appel du directeur de la sécurité d'Accor, Ange Mancini a alerté le directeur de cabinet du président de la République, Christian Fremont. Aux environs de minuit, heure française.
A l'Elysée, on n'indique pas si Nicolas Sarkozy a été prévenu le soir même. Tout juste se contente-t-on de rappeler la règle selon laquelle on ne réveille le président de la République que s'il y a une décision à prendre. Or, précise-t-on pour suggérer qu'il n'est pas intervenu, il n'avait ce soir-là aucune décision à prendre.
Contactés par Europe 1, René-Georges Querry et Ange Mancini n’ont pas tenu à s’exprimer pour l’instant. Mais d'après leurs proches, les deux hommes ont le sentiment d'avoir bien fait leur travail.
Ce que disait Guéant le 8 juin
Il serait "normal" que le groupe Accor, propriétaire de l'hôtel Sofitel de New York, ait prévenu rapidement les autorités françaises de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn pour des faits présumés d'agression sexuelle, a jugé lundi Claude Guéant sur France 2.
Le 8 juin dernier, le ministre de l'Intérieur avait assuré que le pouvoir parisien n'avait pas été alerté avant l'arrestation. "Moi, cela me semble absolument impossible", avait-il déclaré sur Europe 1. "Pour ma part je n'ai jamais été consulté et je suis absolument sûr que personne n'a été consulté", avait insisté le ministre de l'Intérieur, avant d'ajouter : "de toute façon, la police, même en France, fait toujours son travail. S'il y a un crime ou un délit, s'il y a une plainte, elle n'attend pas un feu vert de l'exécutif".