L'inconnue Sylvia Pinel passe dans la lumière. La médiatique Cécile Duflot passe (un peu) dans l'ombre. La cérémonie de passation des pouvoirs au ministère du Logement, entre Cécile Duflot et Sylvia Pinel, a eu lieu à 15h. La radicale de gauche, ex-(discrète) ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, prend la place de l'écologiste, qui quitte le gouvernement.
Duflot, rebelle dans un parti rebelle. "Ma liberté retrouvée, je la mets au service de l'écologie, de la gauche et de la France", a déclaré Cécile Duflot lors de la passation. La ministre quitte l'exécutif et va revenir sur les bancs de l'Assemblée, respectant ainsi les ordres officiels de son parti, Europe-Ecologie-Les Verts, qu'elle a elle-même impulsé.
Côté bilan, si la ministre est plutôt saluée pour son travail en tant que ministre du Logement, et notamment sa loi Duflot, on retiendra surtout d'elle son aspect rebelle. Roms, cannabis, Notre-Dame-des-Landes, abandon de la taxe diesel... Sur de nombreux sujets, la ministre et son parti affichaient des divergences avec la ligne du gouvernement.
Pinel, discrète dans un parti loyal. La nouvelle ministre du Logement a salué mercredi "l'énergie , la motivation, la détermination et les grandes avancées" mises en œuvre par sa prédécesseur et souhaite "poursuivre ce travail important". Mais elle le dit, "les radicaux de gauche ont fait un choix différent de ta famille politique." Le parti, en effet, continue à soutenir le gouvernement, qui en compte deux membres influents : Christiane Taubira et Sylvia Pinel . Depuis deux ans, cette petite brune au léger accent du Sud-Ouest était ministre de plein exercice, chargé de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme. Dans l'entourage de son ex-ministère, on évoque le terme de "Pinelistan", en référence "à un petit état où on ne sait pas trop ce qui s'y passe".
Mais si elle est peu connue aux yeux de l'opinion publique, elle n'a pas pour autant eu un mandat de tout repos. Durant ces deux années passées à Bercy, la jeune femme s'est mis les auto-entrepreneurs à dos, en souhaitant abaisser les seuils de chiffre d'affaires minimums pour le statut d'auto-entrepreneur. "On a toujours eu des relations assez conflictuelles avec elle. Je n'ai pas senti de sa part de volonté réelle de détendre l'atmosphère", note encore aujourd'hui un des négociateurs des auto-entrepreneurs. Mais Pour Roland Héguy, président de l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie et de la restauration, Sylvia Pinel avait un ministère "bien trop lourd à gérer pour avoir une bonne écoute".