Députés et sénateurs auront-ils l’honneur de siéger en Congrès au château de Versailles avant l’élection présidentielle ? Cette perspective, apparue avec la volonté de l’exécutif de faire inscrire la règle d’or sur les déficits budgétaires dans la Constitution, s’éloigne désormais de plus en plus, à en croire plusieurs médias. Nicolas Sarkozy, confronté à l’opposition intangible du Parti socialiste notamment, ne voudrait pas prendre le risque d’échouer à rassembler une majorité des 3/5e, indispensable à toute modification de la Constitution.
"Une défaite au Congrès signifierait une défaite de Sarkozy"
Le chef de l’Etat se serait rangé à un avis de plus en plus audible au sein de la majorité. Patrick Devedjian avait estimé le 3 septembre dans Le Monde qu’une convocation du Congrès risquait de tourner au "suicide politique" pour Nicolas Sarkozy. "Je suis totalement défavorable au Congrès, abonde anonymement un ministre dans le quotidien du soir daté du 7 septembre. "Je ne vois pas pourquoi les socialistes nous feraient le cadeau de voter avec nous. Or, une défaite au Congrès signifierait une défaite de Sarkozy. Nous ne pouvons pas nous le permettre à quelques mois des élections."
Nicolas Sarkozy aurait donc demandé à ses troupes en général, et à Jean-François Copé en particulier, de ne plus réclamer à cor et à cri la convocation du Congrès. Invité d’Europe 1 mercredi matin, le secrétaire général de l’UMP a bien évoqué la règle d’or, en critiquant au passage l’attitude du Parti socialiste, mais sans demander la réunion des deux chambres du Parlement.
"Détermination intacte"
Et à en croire Libération, les éléments de langage pour expliquer ce revirement seraient déjà prêts. Nicolas Sarkozy et ses partisans devraient donc marteler qu’il ne s’agit "pas d’un abandon, mais d’un report", et que "l’élection présidentielle fera office de référendum sur la question". Les socialistes et leur tendance à la dépense publique devraient aussi être brocardés.
De son côté, l’Elysée joue la montre. "La détermination du président sur la règle d'or est intacte", a fait savoir la présidence de la République, en rappelant que les "consultations" engagées par le Premier ministre François Fillon venaient "simplement de commencer". Le Premier ministre a reçu mercredi matin Jean Arthuis, président de la commission des Finances au Sénat. il accueillera ensuite François Bayrou et Jean-Pierre Chevènement dans la journée, puis d'autres personnalités dans les jours à venir.
"Le gouvernement et le président décideront au terme de ces consultations de la meilleure manière de faire avancer la règle d'or", a déclaré Valérie Pécresse à la sortie du conseil des ministres. "Nous sommes dans une démarche qui consiste à faire adopter la règle d'or par la voix classique qui est celle du Congrès. Mais cette décision dépend du président de la République, qui attendra le moment venu", a insisté la porte-parole du gouvernement.