La revanche du dissident Charon

Pierre Charon, l'ami qui amusait Sarkozy © MAXPPP930
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Hélène Favier , modifié à

A 60 ans, l'ex-ami de Sarkozy, désormais en disgrâce, a été élu dimanche sénateur de la capitale.

"J’ai démissionné de tout, je n’ai plus rien, je rentre avec mon pass Navigo à la maison ce soir". Au moment de présenter sa candidature "dissidente" aux sénatoriales de Paris, Pierre Charon s'était montré très théâtral, mettant tout dans la balance. Suspendu de l'UMP et désormais en disgrâce totale, l'ex-ami de Nicolas Sarkozy tenait enfin sa revanche dimanche soir : il est élu sénateur de la capitale, alors que les ténors de parti présidentiel prédisaient - et espéraient - sa défaite.

Le conseiller - "amuseur" de Sarkozy

Cet homme rondouillard à l'allure joviale, consultant en communication - notamment auprès de la société de production audiovisuelle Endemol - est entré en politique relativement tard. Lui qui a la réputation "de tout savoir sur tout le monde", a débuté en 2001 avec son élection aux municipales comme conseiller du XVe arrondissement de Paris. Il fût ensuite conseiller de Nicolas Sarkozy et artisan de sa victoire en 2007. 

Pendant des années, sa langue acérée, combinée à un certain talent d'imitateur, ont amusé Nicolas Sarkozy. Pendant la campagne de 2006, Charon divertissait ainsi "la firme", la bande de fidèles du candidat Sarkozy, rassemblant Brice Hortefeux, Frédéric Lefebvre, Franck Louvrier et Laurent Solly.

Comme le montre le film La Conquête, qui retrace l'ascension vers le pouvoir de Nicolas Sarkozy, Pierre Charon coachait également Nicolas Sarkozy, à la veille de ses débats télévisés. Pourtant, "l'ami" s'était vu écarter au soir de la victoire : l'ex-épouse du chef de l'Etat, Cécilia Sarkozy, ayant souhaiter l'éloigner de son mari. Au Fouquet's, sur les Champs-Elysées, alors que le président fraîchement élu et ses amis du premier cercle fêtent la victoire, lui s'est ainsi vu refuser l'entrée, son nom ne figurant pas sur la liste concoctée par la première Dame.

L'ami écarté 

Après le divorce du couple présidentiel, Pierre Charon avait pourtant su rebondir, se rapprochant, une nouvelle fois, du président. Il était alors devenu conseiller de Nicolas Sarkozy, puis, plus tard, président du domaine national de Chambord et membre du Conseil économique, social et environnemental. 

A la veille des sénatoriales, voyant que l'UMP lui avait préféré Daniel-Georges Courtois, conseiller de Paris et ex-conseiller de François Fillon, il avait décidé de présenter une liste dissidente. La sanction avait été immédiate : Charon avait alors été suspendu du parti présidentiel, avant de se couper complètement de la majorité après des propos incongrus sur Chantal Jouanno, ministre, championne de karaté, et tête de liste à Paris. "Qu'elle soit sur les tatamis ou au lit, elle est tête de liste" et sera donc élue, avait-il lâché.