"Dans l’affaire du meurtre de Laëtitia, plus que des défaillances, il y a eu une offre de laxisme chez certains fonctionnaires." L’accusation est lourde, et c’est un proche de Nicolas Sarkozy qui exprime là la position de l’Elysée. Le chef de l’Etat a promis jeudi des sanctions à l’encontre des magistrats et des agents de probation qui ont laissé libre Tony Meilhon, le meurtrier présumé de la jeune femme.
Cette sortie a provoqué l’ire des premiers concernés. Elle était pourtant mûrement réfléchie. "Avant de décider de sanctions à l’encontre de la chaîne judiciaire et policiers, il y eu quatre réunions et trois enquêtes", explique ainsi l’entourage du chef de l’Etat. "Ce n’est donc pas une décision prise sous le coup de l’émotion, mais une fermeté au nom du statut présidentiel. Celui de chef des fonctionnaires."
"Il ne pouvait pas rester immobile"
Cette décision disciplinaire sous-tend un discours politique revendiqué par Nicolas Sarkozy. "Quand je reçois le père adoptif et la mère adoptive de Laëtitia, je comprends leur colère. Et je pense que mon devoir, c’est de permettre à cette colère de s’exprimer au plus haut niveau de l’Etat. Parce que tout ne se vaut pas", a déclaré le chef de l’Etat lors d’une visite dans un commissariat à Orléans. "Tout le monde réclame l’expression de la solidarité. Mais il y en a qui y ont plus droit que les autres. Au moment où un fossé s’établit entre les responsables en général et le pays, on comblera ce fossé notamment par l’attitude qu’on a vis-à-vis des victimes."
"Conscient que l’affaire Laëtitia marquera durablement l’opinion, le président ne pouvait pas rester immobile", décrypte un de ses proches. Au passage, le président de la République envoie un signa puissant au cœur de son électorat de droite et populaire. Pour lui éviter de regarder plus à droite encore, vers le Front national.