Droite dans ses bottes, Christine Lagarde a officiellement présenté mercredi, sa candidature à la tête du Fonds monétaire international. Désormais présentée comme la favorite pour la succession de Dominique Strauss-Kahn, la ministre de l’Economie peut se targuer de nombreux soutiens, tant au niveau de la majorité et du gouvernement qu’au niveau européen.
"C’est un dossier creux"
Et l’affaire Tapie ne semble pas non plus être un obstacle aux ambitions de Christine Lagarde. Si la commission des requêtes de la Cour de Justice de la République «décidait de poursuivre cette enquête, ce ne serait pas particulièrement surprenant. Personnellement, ça ne me dérangerait pas du tout parce que, je le redis, c'est un dossier creux dans lequel j'ai totalement respecté la loi", a ainsi assuré mercredi sur France 2 Christine Lagarde, très sereine.
La décision d'ouvrir une enquête sur la ministre doit être prise le 10 juin, lors de la prochaine réunion de la commission des requêtes de la Cour de Justice de la République (CJR). "J'ai toute confiance dans cette procédure parce que j'ai la conscience parfaitement tranquille", a-t-elle encore martelé. Et même si la justice devait ouvrir une enquête sur son rôle dans cette affaire, elle assure qu’elle "maintiendra" sa candidature.
La ministre de l’Economie estime notamment que sans sa décision de conclure rapidement ce dossier Bernard Tapie, le principal intéressé aurait pu saisir la Cour européenne des droits de l’Homme sur la durée de la procédure. Un procès qui aurait pu coûter encore plus cher à la France.
10% de chances d’être mise en cause
Le 10 mai, le procureur général près la Cour de cassation Jean-Louis Nadal a décidé de saisir la commission des requêtes de la CJR. Il estimait qu'il existait des éléments justifiant l'ouverture d'une enquête pour abus d'autorité dans le dossier de l'arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie dans la vente litigieuse d'Adidas par le Crédit Lyonnais en 1993.
Mais cette affaire connaît un fait nouveau. Depuis mercredi, l’enquête de la cour de discipline budgétaire et financière vise les deux hauts fonctionnaires de Bercy qui ont réglé l’arbitrage Tapie avec Christine Lagarde. Cette enquête pourrait être très gênante pour la ministre car les deux personnes mises en cause pour des irrégularités présumées ont déjà fait savoir qu’elles avaient agi "sur ordre".
Quoi qu’il en soit, le gouvernement reste extrêmement confiant. La candidature de Christine Lagarde a en effet été déclenchée par le feu vert de François Fillon, après un examen minutieux du dossier Tapie par Matignon. Et selon la conclusion des experts, la ministre aurait moins de 10% de chances d’être mise en cause dans cette affaire. Le gouvernement prend donc le risque.