Le voyage de quatre parlementaires français en Syrie, où ils ont rencontré Bachar al-Assad mercredi matin, a été vivement critiqué par le gouvernement. Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1 / I Télé / Le Monde, a lui jugé sévèrement l'intervention française contre l’État islamique dans la région. "Le plus grave ce n’est pas le voyage, c’est l’incohérence de la politique de François Hollande dans cette région", a taclé le leader centriste. "Aujourd'hui, on fait la guerre à moitié, à 50%. Le président de la République a décidé, à juste titre, d’intervenir contre Daesh, mais il ne le fait qu’en Irak, surtout pas en Syrie. On bombarde ces personnes en Irak, mais pas en Syrie. Ce qui fait qu'ils peuvent reconstituer leurs forces s'ils se cachent là-bas", a assuré le député-maire de Drancy.
"Quand on fait la guerre, on la fait à 100%". Jean-Christophe Lagarde a estimé qu'il serait impossible de sortir vainqueur contre l'Etat islamique en l'état actuel de l'engagement de la France dans la région. "Quand on fait la guerre, on la fait à 100%. On ne dit pas je bombarde en Irak mais pas en Syrie. Quand on fait la guerre à 50%, on s’assure la défaite à 100%", a poursuivi le président de l'UDI. La France a intensifié sa présence en Irak la semaine dernière, en intégrant le porte-avions Charles de Gaulle dans l'opération militaire contre l'Etat islamique. Le dispositif français est ainsi doublé dans la région.
"Une hypocrisie" de la part du gouvernement. Le président du parti centriste est également revenu sur le voyage de quatre parlementaires, qui ont rencontré Bachar al-Assad mercredi matin. Un voyage critiqué notamment par François Hollande et Manuel Valls. "La surréaction du président de la République, du Premier ministre et de Jean-Christophe Cambadélis m’interpelle. L'Élysée était informé, Matignon aussi sans doute. On condamne le voyage après l’avoir autorisé, j’ai l’impression d’une vraie hypocrisie", a critiqué Jean-Christophe Lagarde. Le député PS Gérard Bapt, membre de la délégation, a lui-même affirmé avoir averti le gouvernement.
"De nombreux pays" parlent à Bachar al-Assad. Problème : cette visite contredit la ligne officielle de la France, qui a rompu toute relation diplomatique avec Damas depuis 2012. "Je veux bien qu’on dise qu’on ne parlera plus à Bachar al-Assad, mais de nombreux pays sont en train de le faire, les États-Unis y compris. De nombreux pays européens ont également des représentations à Damas, même si ce n’est pas le cas de la France. Ce n’est pas que le problème de la Syrie, mais aussi de l’Irak, de la Jordanie, c’est une déstabilisation de toute la région", a estimé le leader centriste.
Les services secrets français parlent-ils avec leurs homologues syriens ? Parmi cette délégation figurait François Zocchetto, sénateur UDI de la Mayenne. Jean-Christophe Lagarde a refusé de condamner sa participation et a indiqué qu'il rencontrerait le parlementaire pour évoquer plus longuement les échanges que ce dernier a eu avec le leader de la Syrie. "Alors oui, Bachar al-Assadun est un dictateur, qui tue des milliers de gens. Mais aujourd'hui la Syrie n’attaque pas la France, n’attaque pas les minorités religieuses. Daesh le fait", a expliqué le leader de l'UDI.
Jean-Christophe Lagarde s'est également demandé si les services secrets français n'étaient pas en contact avec leurs homologues syriens. "Je serais très étonné que ce ne soit pas le cas. Et si ce n’était pas le cas, alors nous serions les seuls", a-t-il conclu.
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