Après plusieurs jours de polémique, l'entourage de François Fillon a fait savoir mercredi que le Premier ministre ne se rendrait pas à la convention sur la laïcité organisée le 5 avril prochain par l’UMP. Un débat auquel il avait été invité comme chef du gouvernement par son principal promoteur Jean-François Copé, le patron du parti présidentiel.
"Il a été acté depuis longtemps avec le Premier ministre qu'il n'irait pas", a tenu à préciser l’entourage de François Fillon après la publication de l'information sur le site Internet du Figaro. "Ce n'est pas le lieu pour exprimer la position du gouvernement", argumente-t-on dans son entourage.
Ni Fillon, ni Bachelot
Le Premier ministre, qui a fait part ces derniers jours de sa réticence vis-à-vis de la tenue même d’un tel débat, a aussi ajouté que sa décision datait de plusieurs jours et qu’elle avait reçu l’assentiment de Nicolas Sarkozy, sous l'autorité duquel a été fixée l'organisation de la journée du 5 avril. En vertu de la répartition des rôles, qui veut que l'UMP débatte et propose et que le gouvernement arbitre, il avait été décidé dès le 17 mars que ni le Premier ministre ne participerait pas à cette convention.
A l'Elysée comme à Matignon, on tient également à préciser que le Premier ministre n'a conclu aucune des récentes conventions de l'UMP, ni celle organisée par Xavier Bertrand à l'automne sur l'éducation, ni celle sur l'application des peines. Dans l'entourage même de Jean-François Copé, on reconnaît qu'il n'a jamais été question que François Fillon soit présent.
De son côté, la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, "n'ira pas non plus" au débat sur la laïcité. Elle a déclaré jeudi "préférer se concentrer sur les problèmes concrets des Français". Parlant d'un "choix personnel" de François Fillon, Roselyne Bachelot a observé sur i-Télé qu'"on a plus ou moins d'appétence pour tel ou tel débat".
Neuf ministres présents au débat
Autres personnalités à ne pas se rendre au débat : l'ancien porte-parole de l'UMP Dominique Paillé et le président du Sénat Gérard Larcher. Ce dernier a estimé, sur Europe 1 jeudi matin, que l'absence de François Fillon au futur débat sur la laïcité était "un acte politique".
Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, lui, a glissé qu'il devrait être présent. "Ce serait assez normal que j'(y) assiste (...) J'ai préparé les décisions du gouvernement", a-t-il révélé jeudi au Journal du Dimanche.
Affrontement public
Reste que cette valse-hésitation dans la majorité pourrait continuer à faire couler de l'encre. Car Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, avait officiellement invité le Premier ministre à la fameuse convention. Ce même Jean-François Copé qui avait reproché lundi soir sur Canal + à François Fillon "une posture" et de "ne pas la jouer collectif" en ne se positionnant pas publiquement pour la tenue du débat. L’un des proches du Premier ministre avait affirmé un peu plus tôt que l’hôte de Matignon se sentait "très mal à l’aise" sur cette question et qu’il n’était "pas sur la même longueur d’ondes" que Nicolas Sarkozy.
Cet affrontement public avait mis en émoi la majorité, et les deux hommes avaient affirmé mardi, après avoir été reçus par le chef de l’Etat, que l'incident était "clos" et "l'heure à l'apaisement". La polémique pourrait désormais renaître de ses cendres.
"Je regrette que certains foulent au pied ce débat"
Invité d'iTélé jeudi matin, Jean-François Copé n'a pas manqué de revenir sur le sujet. "Je note que ce sujet, parmi d'autres, est très souvent évoqué par les Français, qu'ils soient d'une confession ou d'une autre, qu'ils soient religieux ou qu'ils ne ne soient pas, qu'ils croient ou pas. Ce sont des sujets du quotidien dans une société. (...) Et je regrette que certains foulent au pied ce débat, comme ils le font", a-t-il déclaré.