Le FN lorgne déjà les législatives

Marine Le Pen, probablement canidate aux législatives à Hénin-Beaumont, espère 15 députés frontistes pour constituer un groupe parlementaire. © REUTERS
  • Copié

Le parti de Le Pen mise sur une défaite de Sarkozy et une implosion de l’UMP lors du scrutin de juin.

Et si le grand rendez-vous électoral, pour Marine Le Pen et ses troupes, avait finalement lieu en juin. La candidate du FN a longtemps espéré pouvoir accéder au deuxième tour de l’élection présidentielle. Cet espoir déçu, la présidente du parti frontiste mise désormais sur les élections législatives des 10 et 17 juin prochain, en pariant sur une implosion de l’UMP pendant ou après le scrutin.

"Il y a là une force hétérogène, qui à l’intérieur d’elle-même a les idées les plus contradictoires. Elle va très certainement imploser après ces élections. Une recomposition à ce moment-là se fera sur des idées, pas sur des appareils, a affirmé, toujours sur France Info, Louis Aliot, vice-président du FN, résumant ainsi la théorie en vogue au FN.

Le préalable indispensable à ce scénario, c’est la défaite de Nicolas Sarkozy le 6 mai. Depuis plusieurs jours, les lieutenants de marine Le Pen laissent à penser que leur candidate appellera à voter blanc lors du deuxième tour de l’élection présidentielle.  '"En l'état actuel des choses", d’éventuelles consignes de Marine Le Pen ne pourraient pas être autre chose que "ni Sarkozy, ni Hollande", a ainsi affirmé Louis Aliot, vice-président du FN, sur France Info.

Pas question de désistement

Nicolas Sarkozy battu, le FN parie sur une démobilisation à l’UMP pour faire localement la différence. Si l’on rapporte  les résultats du premier tour de l’élection présidentielle aux circonscriptions, plus de 350 candidats du Front national seraient en mesure de se maintenir au second tour des législatives. Et pas question a priori de désistement. "Il y a donc 353 circonscriptions dans lesquelles nous pouvons nous maintenir au second tour du scrutin", a prévenu Marine Le Pen lundi sur France 2.

Dès lors, en provoquant la défaite de nombreux élus UMP, lors notamment de triangulaires, ou en menaçant de le faire, le parti frontiste espère voir certains élus locaux du parti majoritaire céder à la tentation par une alliance. L’UMP pourrait alors se fissurer, voire, comme l’espère le parti frontiste, imploser. Dans le premier cas, le FN tenterait d’attirer à lui l’aile droite de l’UMP. Dans le second, Marine Le Pen se placerait au cœur de la recomposition de la droite.

Du FN au "Rassemblement bleu Marine"

Et pour mettre toutes les chances de son côté, le FN va changer de nom pour la campagne électorale. Les candidats, dont 30% sont des nouveaux arrivants, se présenteront sous la bannière du "Rassemblement Bleu Marine", moins à même de décourager l’électeur potentiel que l’archaïque "Front national", très marqué extrême-droite. Ce changement de nom pourrait être durable, Louis Aliot ayant déposé le 12 janvier dernier le nom "Alliance pour un rassemblement national" auprès de l'Institut national de la propriété intellectuelle.

Fort de cette stratégie, le Front national s’est fixé un objectif élevé lors des législatives, à en croire Louis Aliot : obtenir "si possible un groupe parlementaire". Soit 15 élus tout de même, lui qui n’en a pas un seul dans l’Assemblée sortante. Le FN s’appuie sur plusieurs chiffres : lors du premier tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen a dépassé la barre des 25% dans 59 circonscriptions, avec des pointes au-delà de 30% dans trois d'entre elles: la 12e du Pas-de-Calais, la 3e du Vaucluse, où la nièce de la dirigeante frontiste, Marion Le Pen, pourrait être candidate, et enfin la 11e du Pas-de-Calais, celle d’Henin-Beaumont, où espère se présenter, et être élue, une certaine… Marine Le Pen.