Au lendemain de la cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, Bruno Le Maire est venu défendre la méthode du gouvernement face à l’opposition et à la rue. "Il y a eu une écoute de la rue, des inquiétudes qui se manifestent", a estimé dimanche le ministre de l’Agriculture dans le cadre du Grand rendez-vous Europe1-Le Parisien/Aujourd’hui en France.
"On ne peut pas dire que le gouvernement et le président de la République sont restés droit dans leur botte. Il y a eu des avancées très significatives. Sur les carrières longues, sur la pénibilité, sur les mères de famille…", a rappelé le ministre avant de faire de la pédagogie. "Cette réforme est progressive. Elle ne va pas s’appliquer du jour au lendemain. S’agissant de l’âge légal de départ. Ça s’applique à partir du 1er juillet 2011 à raison de 4 mois par an pour l’âge d’ouverture de droit. Ce n’est pas une réforme couperet, brutale."
Cette réforme est progressive :
Intangible sur l’âge légal
L’ancien député de l’Eure estime que la parole est désormais aux élus. "On est clairement à un tournant dans la réforme des retraites. La rue s’est exprimée, la démocratie sociale s’est exprimée. Maintenait, la démocratie parlementaire doit reprendre la main, s’exprimer à son tour, conclure le débat et permettre à cette réforme de s’appliquer", a encore déclaré Bruno Le Maire.
Est-ce à dire que plus aucune concession n’est possible ? "La réforme est entre les mains du Sénat. S’ils veulent ajouter un point ou un autre, c’est aux sénateurs de le décider. Les parlementaires ont leur mot à dire et il faut les écouter", a lancé Bruno Le Maire. "Mais il y a des bornes intangibles que nous ne franchirons pas. Ces bornes, ce sont les mesures d’âge."
Contre la suppression du bouclier fiscal
Par ailleurs, Bruno Le Maire s’est dit opposé à toute suppression du bouclier fiscal et de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF). "Une centaine de membres de notre majorité a proposé un donnant-donnant : supprimer l’ISF d’un côté, le bouclier fiscal de l’autre. Je ne suis pas d’accord. L’ISF rapporte 3 milliards par an, alors que le bouclier fiscal coûte 670 millions. Ce ne serait donc pas bon pour les finances publiques", a-t-il expliqué.
"Qu’on aménage le bouclier fiscal sur un ou deux points, ça me paraît être une bonne idée", a toutefois admis le ministre de l’Agriculture. "On peut aussi aménager, améliorer l’ISF. Sur les résidences principales notamment, qui pourrait sortir de la prise en compte".
"Ne pas supprimer l'ISF" :
" Personne ne peut être candidat à Matignon"
Enfin, Bruno Le Maire a évoqué le futur remaniement, prévu pour la mi-novembre. Cité parmi les premier-ministrables potentiels, le ministre de l’Agriculture a critiqué ceux qui, comme Jean-Louis Borloo ou Michèle Alliot-Marie, qui ont dit leur intérêt pour Matignon. "Personne ne peut être candidat à Matignon", a-t-il déclaré. Ce n’est pas correct vis-à-vis du Premier ministre en exercice. Ce n’est pas correct vis-à-vis du président de la République. En plus, c’est décalé vis-à-vis des Français."
Alors que Dominique de Villepin, dont il reste un proche et ami après avoir été son collaborateur pendant près de huit ans, qui a affirmé que Jean-Louis Borloo avait reçu des garanties, Bruno Le Maire réfute avec humour : "Soit il a des informations dont je ne dispose pas, ce qui est possible, soit il a des talents de Pythie, ce qui est possible aussi."