Nicolas Sarkozy ? François Hollande ? Aucun des deux ? Officiellement, François Bayrou donnera sa position le 3 mai. Le président du MoDem, candidat malheureux du premier tour (9,13% des voix) a donné sa parole dimanche soir. "Je prendrai mes responsabilités". Mais le troisième homme de 2007 pourrait être dépassé par ses troupes. Une ribambelle de cadres du parti ont d’ores et déjà décidé de libérer leur parole. Leur préférence ? Le candidat socialiste.
Des élus qui mettent la pression
A commencer par le co-fondateur du MoDem Jean-Luc Bennahmias. "Je voterai clairement François Hollande", s’est empressé d’indiquer l’ex-patron des Verts au lendemain du premier tour.
Une quarantaine d'élus MoDem (dont beaucoup participent depuis 2008 à des exécutifs locaux au côté du PS, nldr) lui ont emboîté le pas, au nom de "la clarté et de l'alternance". "Aujourd'hui, c'est valeurs contre valeurs. La droite de Sarkozy a pris trois virages idéologiques qui l'ont éloignée du centre: l'ultralibéralisme et le culte de l'argent, l'atlantisme et un populisme de droite", a justifié Olivier Henno, membre de l'exécutif du MoDem.
Le même jour, la chiraquienne Dominique Versini, ralliée à François Bayrou durant la campagne manifeste à son tour sa préférence pour le candidat PS.
Des sondages contradictoires
A moins de deux semaines du premier tour, le cœur du MoDem basculerait-il à gauche ? Pas si sûr que ça. 34% des partisans de François Bayrou voteraient François Hollande et 37% Nicolas Sarkozy, prévoit Opinionway. Selon BVA, 36% choisiraient le socialiste et 39% le candidat de l’UMP.
D’autres sondages sont plus favorables au socialiste, mais avec des écarts très faibles. Seul CSA observe un net report de voix en faveur du socialiste (40% contre 25% pour Nicolas Sarkozy). Et Jean-Luc Bennahmias le martèle lui-même : "dans le parti, c’est très contrasté. C’est le périmètre du MoDem qui veut ça".
Décider dans la concertation
Dans ce contexte un peu flou, la prise de position officielle de François Bayrou est très attendue. Mais contrairement à 2007, il a décidé de consulter avant de décider. Le mot d’ordre en 2012 ? "Être proche et se voir très souvent", confie un proche). L’ex-candidat a prévu de clarifier sa position seulement au lendemain du "face à face" télévisé Hollande-Sarkozy prévu le mercredi 2 mai. Le timing de sa décision faisait toutefois débat mardi. Jean-Luc Bennahmias interrogé par Europe1.fr, plaide plutôt pour que "ça ne traîne pas, ça ne sert pas à grand-chose". Mais pour Robert Rochefort, vice-président du parti, il faut se laisser le temps de la réflexion. "La démocratie donne deux semaines aux citoyens pour se faire un avis", rappelle-t-il à Europe1.fr, même si ce dernier confie avoir déjà décidé de ne pas voter pour Nicolas Sarkozy.
François Bayrou a tranché mardi lors d'un conseil stratégique au siège du MoDem, où une quarantaine de personnes ont débattu du contenu de la lettre que le leader centriste doit adresser mercredi à François Hollande et Nicolas Sarkozy. François Bayrou a indiqué qu'il écouterait leur réponse et prendrait ensuite "ses responsabilités" concernant une éventuelle consigne de vote, le 3 mai, après le débat télévisé qui doit opposer les deux hommes à l'entre-deux-tours.
Le leader centriste a égelement demandé aux membres de son équipe rapprochée d'éviter les prises de position individuelles sur le second tour. Autre sujet à l’ordre du jour : comment officialiser la prise de position de François Bayrou ? Un conseil national pourrait être réuni afin que les militants soient mis au courant de sa position de manière collective, indique-t-on rue de l’Université.
"Ni l’un ni l’autre"
Sur le fond, plusieurs cadres du MoDem joints par Europe1.fr en sont convaincus. François Bayrou ne prendra partie pour aucun des deux candidats. "Le seul avenir possible de mon point de vue, est de dire ‘je ne choisirais ni l’un ni l’autre’, toute autre position serait une position de rupture", analyse un membre du comité stratégique. Un refus de choisir qui pourrait prendre différentes formes. "Je me désiste en faveur d’un tel, je vote blanc’…il existe une gradation de réponses", souligne un cadre du MoDem.
Rue de l’Université, la position de François Bayrou ne fait donc plus tant mystère. C’est l’après second tour qui est dans les esprits. "Une question loin d’être évidente", dit-on au MoDem. Dans l'intervalle, le parti centriste a prévu de réunir mercredi un conseil national pour débattre des suites de la présidentielle. Les membres du conseil stratégique se retrouveront le 3 mai avant que François Bayrou ne se prononce sur une éventuelle consigne de vote.