La cour d'appel de Paris a débouté samedi la présidente du FN Marine Le Pen de l'action en diffamation qu'elle avait engagée contre Eva Joly. Cette dernière l'avait accusée d'être "l'héritière de son père milliardaire par un détournement de succession". Jugées "irrecevables" en première instance, les poursuites engagées par Marine Le Pen ont finalement été déclarées "recevables".
Mais si la cour a bien considéré que les propos étaient "diffamatoires", elle a octroyé à Eva Joly "le bénéfice de la bonne foi", compte tenu "des conditions d'une émission réalisée en direct, de l'absence d'animosité personnelle et des controverses sur la fortune de Jean-Marie Le Pen". Le procès en appel, qui s'est tenu dans la matinée, avait été audiencé en urgence car il s'agit d'un litige électoral qui devait être purgé avant le premier tour de la présidentielle, dimanche.
Pas de dommages et intérêts pour Joly
En revanche, la cour d'appel n'a pas non plus donné raison à Eva Joly qui réclamait 20.000 euros de dommages et intérêts pour procédure abusive. Le conseil de Marine Le Pen, Me Wallerand de Saint-Just, a annoncé qu'il formerait "certainement" un pourvoi en cassation.
Les propos litigieux remontent au 10 avril. Avant de se rendre à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), fief de Marine Le Pen, Eva Joly avait déclaré dans un entretien avec RMC-BFMTV que son adversaire du FN était "l'héritière de son père milliardaire par un détournement de succession". L'ancienne magistrate faisait allusion à l'héritage qu'avait reçu Jean-Marie Le Pen dans les années 1970 d'un de ses amis, Hubert Lambert, et qui avait donné lieu à un début de conflit avec la famille du défunt, avant un règlement à l'amiable.