Le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz (PS), avec qui Marine Le Pen a refusé d'échanger jeudi soir sur France 2, affirme que la patronne du FN "a peur" de débattre avec quelqu'un qui "réfute point par point ses arguments populistes". "Marine Le Pen a peur (...) Elle ne veut pas débattre avec un homme politique européen qui réfutera point par point ses arguments populistes pour l'Europe", écrit le chef de file des socialistes pour les européennes de mai dans une tribune publiée par Rue89 avant l'émission et intitulée "Ce que j'aurais dit à Marine Le Pen".
Marine Le Pen, qui participait jeudi soir à l'émission "Des paroles et des actes" de France 2, a refusé de débattre avec Martin Schulz. "Elle n'est pas en concurrence avec Martin Schulz mais avec des listes françaises : ce sont des élections françaises", avait expliqué à l'AFP un membre de l'entourage de la présidente du FN. Mais l'intéressé a une version tout autre.
"Voter FN. C'est un vote perdu". "Marine Le Pen a refusé de débattre avec moi. Elle exige un contradicteur français au titre que cette campagne pour les élections européennes serait une campagne nationale. Curieuse idée", selon le socialiste allemand, qui brigue la présidence de la Commission européenne. Et de poursuivre : "En accusant l'Europe de tous les maux, de toutes les peines et en défendant une vision, ou plutôt une dislocation de l'Europe, elle a clairement signifié que l'enjeu de ces élections était l'Europe. Mais elle proclame aujourd'hui que cette campagne n'est pas européenne".
Le socialiste allemand s'étonne de la même manière en évoquant les discussions entamées par la patronne du FN avec ses homologues européens pour constituer un groupe, le lancement d'un mouvement de jeunes de quatre partis d'extrême droite européens, etc. "Si on veut changer l'Europe, ça ne sert à rien de voter FN. C'est un vote perdu : Marine Le Pen ne participera jamais au travail pour relancer l'Europe. Son implication au Parlement restera toujours aussi nulle, son bilan toujours aussi inexistant. Le Front national n'a rien à offrir, à part des rémunérations confortables, au frais du contribuable, pour ses élus absentéistes", selon lui. Alors que France 2 a réfuté les accusations d'un journaliste de Libération selon lesquelles Marine Le Pen aurait imposé ses conditions à la chaîne publique, Martin Schulz affirme que la dirigeante du FN "ne peut faire la loi sur les plateaux télé quand son bilan pour les Français est inexistant".
La mise au point de Pujadas. Durant l'émission, qui a rassemblé 2,8 millions de téléspectateurs jeudi soir, Marine Le Pen n'a pas fait de commentaires particuliers. La mise au point est venue de David Pujadas, le présentateur de Des paroles et des actes, en préambule. "Une précision sur l'organisation des débats : personne ne dicte sa loi à quiconque ici et comme partout ailleurs quand on organise un débat politique, un face-à-face, c'est entre deux personnes consentantes, on ne peut pas forcer quelqu'un à dialoguer, et cela quel que soit l'invité". "C'est dit", a conclu David Pujadas, alors que Marine Le Pen faisait une moue dubitative.